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Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/124

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pagne de Russie. À Paris, on annonce sa mort, on proclame la République : personne ne pense, pendant les quelques heures de la conspiration du général Malet, qu’il existe un Napoléon II. Bonaparte n’a pas fondé de dynastie. C’est le signe le plus grave.

Ensuite, c’est la débâcle, la campagne de France, chef-d’œuvre inutile, l’insurrection des maréchaux, l’abdication du 7 avril 1814. L’histoire est finie, l’Empereur disparu, il ne reste plus qu’un roitelet relégué dans une île méditerranéenne. Louis XVIII rentre à Paris.

On sait comment, un beau jour de printemps, l’oublié ressuscita, s’échappa de l’île d’Elbe où il s’amusait à tout réorganiser, débarqua au golfe Juan, gagna Paris. Alors, il retrouva la Révolution, appela à lui l’ouvrier, le paysan, parla des oppresseurs, et marcha au cri de : « À bas les prêtres ! À bas les nobles ! » L’aventure, devant l’Europe coalisée, devait durer cent jours, et finir à Waterloo, malgré les avances aux républicains, malgré un Acte additionnel aux constitutions de l’Empire qui n’est qu’une charte à demi libérale.

Il abdique, il se livre à l’Angleterre, comme Thémistocle au roi des Perses, par une de ces idées à la fois frappantes et livresques qui font de lui le poète de sa destinée. On l’envoie