Aller au contenu

Page:Jacques Bainville - Louis II de Bavière.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

droit où la lutte avait laissé de profonds vestiges sur le sable et la vase, on nota que les traces marquées par les pas de Louis II allaient vers la gauche, tendaient à se rapprocher de la lisière du parc. C’est donc bien d’une tentative de fuite qu’il s’agissait. Habile nageur, Louis II comptait gagner la rive, de l’autre côté du mur de clôture. À la place où s’arrêtaient ses pas et où flottait son corps, on dut constater qu’un homme d’une taille aussi élevée que la sienne ne pouvait se noyer qu’en se couchant dans l’eau. Supplice bien superflu si l’on songe que, quelques mètres plus loin, le lac de Starnberg présente des profondeurs où il eût tout de suite perdu pied.

D’ailleurs, l’autopsie révéla que Louis II n’était pas mort d’asphyxie, mais de congestion. Les émotions des journées précédentes n’avaient pas manqué de l’ébranler. Et, à la suite d’un tel choc, le terrible combat qu’il venait de livrer, le refroidissement provoqué par les eaux glacées de ce lac alpestre forment autant de circonstances qui suffisent amplement à expliquer le phénomène, aussi naturel que l’hypothèse du suicide semble invraisemblable. Peut-être admettra-t-on aussi que Louis II soit mort d’une blessure que Gudden lui aurait portée en se défendant et dont le récit officiel se serait bien gardé de faire mention, de crainte de confirmer les bruits d’assassinat. Mais aucun des acteurs de ce drame n’a survécu pour en dire le secret.

Ainsi Louis II serait mort au moment de reprendre sa liberté, d’ajouter un épisode plus singulier encore que les autres au conte féerique de sa vie. Le Gouvernement bavarois a préféré adopter la thèse du suicide parce qu’il fallait, en adoptant la version la plus vraisemblable, admettre aussi la thèse de la fuite. Et la question se posait alors de savoir quels étaient les complices qui attendaient Louis II derrière