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Page:Jacques Bainville - Napoléon.djvu/477

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NAPOLÉON

Ainsi Napoléon est allé jusqu’à Moscou dans l’espoir de forcer l’amitié du tsar, et il se retrouve dans la même situation qu’avant Iéna, aux prises avec la Prusse et avec la Russie. Quelle politique peut-il tenter encore ? Une seule, celle de son mariage. Il lui reste l’Autriche, le père de sa femme, le grand‑père de son enfant. Avant de soutenir la nouvelle guerre que le désastre de Moscou rend inévitable, c’est à l’élément et au ressort dynastiques qu’il demande une garantie. Quoi qu’il arrive, quels que soient le sort des armes et les accidents du champ de bataille, que l’empereur soit tué, prisonnier ou battu, il faut que l’Empire demeure, que personne ne puisse dire que le pouvoir est vacant. À tous les égards, il importe d’intéresser, d’attacher François II à l’avenir de sa fille et de son petit‑fils. Alors Bonaparte cherche une protection dans une nouvelle investiture.

C’est l’idée d’un homme inquiet, dont le cerveau toujours en travail n’est pas à bout d’inventions pour obtenir une sécurité qui le fuit. Cette fois, il met devant lui la robe de Marie‑Louise et les langes du roi de Rome. Avant de repartir pour l’armée, il instituera une régence et c’est à l’impératrice qu’elle sera confiée. De plus, le roi de Rome devra recevoir, lui aussi, et tout enfant qu’il est, l’onction du sacre. Puisqu’on n’a pas répondu à Malet : « L’empereur est mort, vive l’empereur ! » comme l’ancienne France disait : « Le roi est mort, vive le roi ! » une cérémonie symbolique affirmera que Napoléon se survit à lui-même. Le sacrement qui n’a pas suffi pour le père sera redoublé pour le fils. Dès lors, l’empereur d’Autriche ne serait-il pas dénaturé, sacrilège, s’il ne protégeait l’Empire de son gendre avec la régente et l’héritier ? Et comme Napoléon aime les précédents, l’histoire, ce qui le relie aux autres « races » il fait étudier les régences des reines‑mères ou épouses des rois de France, en insistant sur Blanche de Castille. Il n’est pas mau-