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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/128

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coup de peine à se tirer du sabbat, dont il n’approuvait pas les abominations[1]. »

Bronzet, lutin qui fréquentait l’abbaye de Montmajor, près d’Arles. Voy. Puck.

Brossier (Marthe), fille d’un tisserand de Romorantin, qui se dit possédée et convulsionnaire en 1569, à l’âge de vingt-deux ans. Elle se fit exorciser ; les effets de la possession devinrent de plus en plus merveilleux. Elle parcourait les villes, et le diable, par sa bouche, parlait hébreu, grec, latin, anglais, etc. On disait aussi qu’elle découvrait les secrets ; on assure que dans ses cabrioles elle s’élevait quelquefois à quatre pieds de terre.

L’official d’Orléans, qui se défiait d’elle, lui dit qu’il allait l’exorciser, et conjugua, dans Despautère, les verbes nexo et texo. Le démon aussitôt la renversa à terre, où elle fit ses contorsions. Charles Miron, évêque d’Angers, devant qui elle fut conduite, la fit garder dans une maison de confiance. On mit à son insu de l’eau bénite dans sa boisson, qui n’opéra pas plus d’effet que l’eau ordinaire ; on lui en présenta dans un bénitier, qu’elle crut bénite, et aussitôt elle tomba par terre, se débattit et fit les grimaces accoutumées. L’évêque, un Virgile à la main, feignit de vouloir l’exorciser, et prononça d’un ton grave : Arma virumque cano. Les convulsions de Marthe ne manquèrent pas de redoubler. Certain alors de l’imposture, Charles Miron chassa la prétendue possédée de son diocèse, comme on l’avait chassée d’Orléans.

À Paris, les médecins furent d’abord partagés sur son état ; mais bientôt ils prononcèrent qu’il y avait beaucoup de fraude, peu de maladie, et que le diable n’y était pour rien : Nihil a dœmone, multa ficta, a morbo pauca. Le parlement prit connaissance de l’affaire, et condamna Marthe à s’en retourner à Romorantin, chez ses parents, avec défense d’en sortir, sous peine de punition corporelle.

Cependant elle se fit conduire quelque temps après devant l’évêque de Clermont qu’elle espérait tromper ; mais un arrêt du parlement la mit en fuite. Elle se réfugia à Rome, où elle fut enfermée dans une communauté; là finit sa possession. On peut voir sur cette affaire les lettres du cardinal d’Ossat et une brochure intitulée Discours véritable sur le fait de Marthe Brossier, par le médecin Marescot, qui assista aux exorcismes (in-8°, Paris, 1599).

Brothers (Richard), enthousiaste anglais qui, au dix-septième siècle, se disait prophète et neveu de Dieu, à peu près comme David-Georges. Il enseignait que toutes les âmes avaient été créées en même temps que celle d’Adam, et avaient péché avec lui dans le paradis terrestre. Il croyait à la métempsycose, et disait que son âme était celle de saint Jacques le Mineur. Il se proposait d’aller rétablir le royaume d’Israël, et il s’adressa dans ce but au roi et au parlement. Il avait beaucoup de disciples, à qui il promettait un miracle éclatant. Il devait changer son bâton en serpent, au milieu du Strand, à l’heure de midi ; ce qui échoua. Il annonçait aussi un tremblement de terre ; à propos de cette prophétie, beaucoup de personnes désertèrent Londres. Mais le tremblement de terre n’eut pas lieu, et le prophète fut mis en prison. Nous n’en savons pas plus sur le compte de cet homme.

Broucolaques. Voy. Vampires.

Brouette de la Mort. C’est une opinion généralement reçue parmi les paysans de la basse Bretagne que, quand quelqu’un est destiné à rendre bientôt le dernier soupir, la brouette de la Mort passe dans le voisinage. Elle est couverte d’un drap blanc, et des spectres la conduisent ; le moribond entend même le bruit de sa roue[2]. Dans certains cantons, cette brouette est le char de la Mort, carrick an Nankou, et le cri de la fresaie annonce son passage[3] .

Brown (Thomas), médecin anglais, mort en 1682. Il combattit les erreurs dans un savant ouvrage[4] que l’abbé Souchay a traduit en français sous le titre d'Essai sur les erreurs populaires, ou examen de plusieurs opinions reçues comme vraies et qui sont fausses ou douteuses. vol. in-12. Paris, 1733 et 1742. Ce livre, utile quand il parut, l’est encore aujourd’hui, quoique beaucoup de ses erreurs soient dissipées. Les connaissances du docteur Brown sont vastes, ses jugements souvent justes ; quelquefois cependant il remplace une erreur par une autre.

L’Essai sur les erreurs populaires est divisé en sept livres. On recherche dans le premier la source des erreurs accréditées ; elles doivent naissance à la faiblesse de l’esprit humain, à la curiosité, à l’amour de l’homme pour le merveilleux, aux fausses idées, aux jugements précipités.

Dans le second livre on examine les erreurs qui attribuent certaines vertus merveilleuses aux minéraux et aux plantes : telles sont les qualités surnaturelles qu’on donne à l’aimant et le privilège de la rose de Jéricho qui, dans l’opinion des bonnes gens, fleurit tous les ans la veille de Noël.

Le troisième livre est consacré aux animaux, et combat les merveilles qu’on débite sur leur compte et les propriétés que des charlatans donnent à quelques-unes de leurs parties ou de leurs sécrétions.

Le quatrième livre traite des erreurs relatives à l’homme. L’auteur détruit la vertu cordiale

  1. Tableau de l’inconstance des mauvais anges, etc., p. 75.
  2. Voyage de M. Cambry dans le Finistère, t. I.
  3. M. Kératry, Le dernier des Beaumanoir, ch. xxvi.
  4. Pseudodoxia epidemica or enquiries the vulgar errors, etc. In-fol. Londres, 1646.