Aller au contenu

Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
BRO
BRU
— 121 —

accordée au doigt annulaire, le conte populaire qui fait remonter l’origine des éternuments à une épidémie dans laquelle on mourait en éternuant, la puanteur spéciale des Juifs, les pygmées, les années climatériques.

Le cinquième livre est consacré aux erreurs qui nous sont venues par la faute des peintres ; comme le nombril de nos premiers parents, le sacrifice d’Abraham, où son fils Isaac est représenté enfant, tandis qu’il avait quarante ans.

L’auteur discute dans le livre sixième les opinions erronées ou hasardées qui ont rapport à la cosmographie et à l’histoire. Il combat les jours heureux ou malheureux, les idées vulgaires sur la couleur des nègres.

Le septième livre enfin est consacré à l’examen de certaines traditions reçues, sur la mer Morte, la tour de Babel, les rois de l’Épiphanie, etc.

Le savant ne se montre pas crédule ; cependant il croyait, comme tout chrétien, aux sorciers et aux démons. Le docteur Hutchinson cite de lui un fait à ce sujet dans son Essai sur la sorcellerie. En 1664, deux personnes accusées de sorcellerie allaient être jugées à Norwich ; le grand jury consulta Brown, dont on révérait l’opinion et le savoir. Brown signa une attestation dont on a conservé l’original, dans laquelle il reconnaît l’existence de sorciers et l’influence du diable ; il y cite même des faits analogues à ceux qui faisaient poursuivre les deux accusés, et qu’il présente comme incontestables. Ce fut cette opinion qui détermina la condamnation des prévenus.

Brownie, lutin écossais. Le roi Jacques regardait Brownie comme un agent de Satan ; Kirck en fait un bon génie. Aux îles d’Arkney, on répand encore des libations de lait dans la cavité d’une pierre appelée la pierre de Brownie, pour s’assurer sa protection. Le peuple de ces îles croit Brownie doux et pacifique ; mais si on l’offense^il ne reparaît plus. Dans quelques châteaux de l’Écosse, on croit avoir un Brownie, qui est un démon familier.

Brudemort, démon noir qui est dans la Normandie l’épouvante des campagnes. Il est servi par ses dix mille huarts, qui sont des lutins ténébreux, hurlant la nuit et mettant leur joie à faire peur aux bonnes gens.

Bruhesen (Pierre Van), docteur et astrologue de la Campine, mort à Bruges en 1571. Il publia dans cette ville, en 1550, son Grand et perpétuel almanach, où il indique scrupuleusement, d’après les principes de l’astrologie judiciaire, les jours propres à purger, baigner, raser, saigner, couper les cheveux et appliquer les ventouses. Ce modèle de l’almanach de Liège fit d’autant plus de rumeur à Bruges, que le magistrat, qui donnait dans l’astrologie, fit très-expresses défenses à quiconque exerçait dans sa ville le métier de barberie de rien entreprendre sur le menton de ses concitoyens pendant les jours néfastes.

François Rapaërt, médecin de Bruges, publia contre Bruhesen le Grand et perpétuel almanach, ou fléau des empiriques et des charlatans’[1]. Mais Pierre Haschaert, chirurgien partisan de l’astrologie, défendit Bruhesen dans son Bouclier astrologique contre le fléau des astrologues de François Rapaërt[2], et depuis on a fait des almanachs sur le modèle de Bruhesen, et ils n’ont pas cessé d’avoir un débit immense.

Brulefer. C’est le nom que donnent les Véritables clavicules de Salomon à un démon ou esprit qu’on invoque quand on veut se faire aimer.

Brunehaut, reine d’Austrasie. Elle contracta avec Satan un marché en teneur duquel il devait lui faire en une nuit une route sur Tournay. Elle devait être finie avant le chant du coq. Mais Brunehaut fit chanter son coq au moment où le diable apportait la dernière pierre ; ce qui rompait le marché. Cette pierre énorme est encore visitée et s’appelle la pierre de Brunehaut[3].

Bruno (Giordano), né à Nole dans le royaume de Naples, au milieu du seizième siècle. Il quitta l’habit monastique pour se jeter dans la philosophie hostile, et publia à Londres, en 1584, son livre de l’Expulsion de la bête triomphante[4]. Ce livre fut supprimé. C’était une critique, stupide dans le fond, maligne dans les détails, de toutes les religions, et spécialement de la religion chrétienne.

Ayant voulu revoir sa patrie, il fut arrêté à Venise en 1598, transféré à Rome, condamné et brûlé le 17 février de l’an 1600, moins pour ses impiétés flagrantes que pour ses doctrines effroyables et ses mauvaises mœurs. Il avait consumé beaucoup de temps à l’étude des rêveries hermétiques ; il a même laissé des écrits sur l’alchimie[5], et d’autres ouvrages dont quelques-uns ont partagé son bûcher[6]. Si on s’étonne de cette rigueur, il faut songer que les crimes qu’on poursuivait ainsi et qui troublaient la société, la corrompaient et hâtaient sa dissolution, inspiraient plus d’horreur alors que n’en inspire aujourd’hui chez nous l’assassinat.

Brunon. « L’empereur Henri III allait en bateau sur le Danube, en son duché cle Bavière,

  1. Magnum et perpeluum almanach, seu empiricomm et medicastrorum flagellum. In-12, 1551.
  2. Clypeus astrologicus contra flagellum astrologorum Francisci Rapardi. In-12, 1551.
  3. Voyez cette tradition dans les Légendes infernales.
  4. Spaccio de la beslia triomphante, proposto da Giove, effetuato dal conseglo, revelato da Mercurio, recitato da Sofia, udito da Saulino, registrato dal Nolano, diviso in tre dialogi, subdivisi in tre parti. In Parigi. Londres, 1584, in-8o.
  5. De compendiosa archilectura et complemento artis Lullii, etc. In-16. Paris, 1582, etc.
  6. Particulièrement La cena de le ceneri, descrita in cinque dialogi, etc. In-8°. Londres, 1581.