Aller au contenu

Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CAY
CEC
— 147 —

lui que Luther eut cette fameuse dispute dont il nous a conservé les circonstances. Caym donne l’intelligence du chant des oiseaux, du mugis-


sement des bœufs, de l’aboiement des chiens et du bruit des ondes. Il connaît l’avenir. Quelquefois il s’est montré en homme coiffé d’une aigrette et orné d’une queue de paon. Ce dé-


mon, qui fut autrefois de l’ordre des anges, commande à présent trente légions aux enfers[1].

Cayol, propriétaire à Marseille, mort au commencement de ce siècle. Un de ses fermiers lui apporta un jour douze cents francs ; il les reçut et promit la quittance pour le lendemain, parce qu’il était alors occupé. Le paysan ne revint qu’au bout de quelques jours. M. Cayol venait subitement de mourir d’apoplexie. Son fils avait pris possession de ses biens ; il refuse de croire au fait que le paysan raconte, et réclame les douze cents francs en justice. Le paysan fut condamné à payer une seconde fois. Mais la nuit qui suivit cette sentence, M. Cayol apparut à son fils bien éveillé, et lui reprocha sa conduite. — « J’ai été payé, ajouta-t-il ; regarde derrière le miroir qui est sur la cheminée de ma chambre, tu y trouveras mon reçu. »

Le jeune homme se lève tremblant, met la main sur la quittance de son père et se hâte de payer les frais qu’il avait faits au pauvre fermier, en reconnaissant ses torts[2]

Cazotte (Jacques), né à Dijon en 1720, guillotiné en 1793, auteur du poëme d’Olivier, où beaucoup d’épisodes roulent sur les merveilles magiques. Le succès qu’obtint cette production singulière le décida à faire paraître le Diable amoureux. Comme il y a dans cet ouvrage des conjurations et autres propos de grimoire, un étranger alla un jour le prier de lui apprendre à conjurer le diable, science que Cazotte ne possédait pas.

Ce qui lui obtient encore place dans ce recueil, c’est sa prophétie rapportée par la Harpe ; où il avait pronostiqué la révolution dans la plupart de ses détails. Mais on n’avait imprimé, dit-on, qu’un fragment de cette pièce. On l’a plus tard découverte plus entière, et quelques-uns disent à présent que cette prophétie a été supposée, ce qui n’est pas prouvé. On a publié en l’an VI, à Paris, une Correspondance mystique de Cazotte, saisie par le tribunal révolutionnaire, et où brille un certain esprit prophétique inexplicable.

Cébus ou Céphus, monstre adoré des Égyptiens. C’était une espèce de satyre ou singe qui avait, selon Pline, les pieds et les mains semblables à ceux de l’homme. Diodore lui donne une tête de lion, le corps d’une panthère et la taille d’une chèvre. On ajoute que Pompée en fit venir un à Rome, et qu’on n’en a jamais vu que cette fois-là.

Cecco d’Ascoli ( François Stabili, dit), professeur d’astrologie, né dans la Marche d’Ancône, au treizième siècle. Il se mêlait aussi de magie et d’hérésie. On dit, ce qui n’est pas certain, qu’il fut brûlé en 1327, avec son livre d’astrologie, qui est, à ce qu’on croit, le commentaire sur la sphère de Sacrobosco[3].

Il disait qu’il se formait dans les cieux des esprits malins qu’on obligeait, par le moyen des constellations, à faire des choses merveilleuses. Il assurait que l’influence des astres était absolue, et reconnaissait le fatalisme. Selon sa doctrine, Notre-Seigneur Jésus-Christ n’avait été pauvre et n’avait souffert une mort ignominieuse que parce qu’il était né sous une constel-

  1. Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
  2. Infernaliana, p. 226.
  3. Commentarii in sphœram Joannis de Sacrobosco. In-fol. Bàle, 1485.