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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/178

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Cigogne. On croit que les cigognes préservent des incendies les maisons où elles se retirent. Cette erreur n’est plus très-répandue. On a dit aussi que les cigognes ne s’établissaient que dans les États libres ; mais les Égyptiens, qui eurent toujours des rois, leur rendaient un culte ; et c’était un crime capital en Thessalie, qui était monarchique, de tuer une cigogne, parce que le pays est plein de serpents, et que les cigognes les détruisent. Elles sont enfin très-communes et très-protégées en Turquie, en Égypte et en Perse, où l’on ne songe guère aux idées républicaines.

Cilano (George-Chrétien-Maternus de), Hongrois du dix-huitième siècle, qui a écrit un livre de l’Origine et de la Célébration des Saturnales chez les Romains[1], et (sous le nom d’Antoine Signatelli) des Recherches sur les géants[2].

Cimeriès, grand et puissant démon, marquis de l’empire infernal. Il commande aux parties africaines. Il enseigne la grammaire, la logique et la rhétorique ; il découvre les trésors et révèle les choses cachées ; il rend l’homme léger à la course, et donne aux bourgeois la tournure fringante des militaires. Le marquis Cimeriès, capitaine de vingt légions, est toujours à cheval sur un grand palefroi noir[3].

Cimetière. Il n’était pas permis en Espagne, au quatrième siècle, d’allumer des cierges en plein jour dans les cimetières, de peur d’inquiéter les esprits. On croyait que les âmes des trépassés fréquentaient les cimetières où leurs corps étaient


enterrés[4] ; et le clergé eut 1 quelque peine à détruire cette opinion. On croit encore aujourd’hui dans les campagnes que les âmes du purgatoire reviennent dans les cimetières ; on dit même que les démons aiment à s’y montrer, et que c’est pour les écarter qu’on y plante des croix. On conte des anecdotes effrayantes. Peu de villageois traverseraient le cimetière à minuit : ils ont toujours l’histoire de l’un d’entre eux rossé par une âme (ou plutôt par un mauvais plaisant) qui lui a reproché de troubler sa pénitence. Henri Estienne et les ennemis du catholicisme ont forgé des aventures facétieuses, où ils attribuent de petites fraudes aux gens d’église pour maintenir cette croyance ; mais ces historiettes sont des inventions calomnieuses. On a vu quelquefois, dans les grandes chaleurs, des exhalaisons enflammées sortir des cimetières ; on sait aujourd’hui qu’elles ont une cause naturelle.

Cimmériens, peuples qui habitaient autour des Palus-Méotides, et dont les Cimbres sont les descendants. Beaucoup de savants ont placé dans ce pays l’antre par lequel on allait aux enfers. Leloyer dit que les Cimmériens étaient de grands sorciers, et qu’Ulysse ne les alla trouver que pour interroger par leur moyen les esprits de l’enfer.

Cimon, général athénien, fils de Miltiade. Ayant vu en songe une chienne irritée qui aboyait contre lui et qui lui disait d’une voix humaine : — « Viens, tu me feras plaisir à moi et à mes petits, » il alla consulter un devin nommé Astyphile, qui interpréta sa vision de cette manière : — « Le chien est ennemi de celui contre lequel il aboie ; or, on ne pourrait faire à son ennemi un plus grand plaisir que de mourir ; et ce mélange de la voix humaine avec l’aboi dénote un Mède qui vous tuera. » Les Grecs étaient en guerre avec les Perses et les Mèdes : il y avait donc chance. Malheureusement pour le devin, le songe ne s’accomplit pas, et Cimon ne mourut que de maladie.

Cincinnatulus ou Cincinnatus ( le petit frisé ), esprit qui, au rapport de Rhodiginus, parlait par la bouche d’une femme nommée Jocaba, laquelle était ventriloque.

Cinq. Les Grecs modernes se demandent excuse en prononçant le nombre cinq, qui est du plus mauvais augure, parce qu’il exprime un nombre indéfini, réprouvé par les cabalistes.

Ciones. Voy. Kiones.

Cippus Venelius, chef d’une partie de l’Italie, qui, pour avoir assisté à un combat de taureaux et avoir eu toute la nuit l’imagination occupée de cornes, se trouva un front cornu le lendemain. D’autres disent que ce prince, entrant victorieux à Rome, s’aperçut, en se penchant au-dessus des eaux du Tibre, car il n’avait pas de miroir, qu’il lui était poussé des cornes. Il consulta les devins pour savoir ce que lui présageait une circonstance si extraordinaire. On pouvait expliquer ce prodige de plusieurs façons ; on lui dit seulement que c’était une marque qu’il

  1. De Saturnalium origine et celebrandi ritu apud Romanos, 1759.
  2. De gigantibus nova disquisitio historica et critica, 1756.
  3. Wierus, in Pseudomonarchia dœmon.
  4. Dom Calmet, Traité sur les apparitions, etc., ch. xi.