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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/179

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CIR
CLA
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régnerait dans Rome ; mais il n’y voulut plus entrer. Cette modération est plus merveilleuse que les cornes.

Circé, fameuse magicienne qui changea les compagnons d’Ulysse en pourceaux. Elle savait composer des potions magiques et des enchantements par lesquels elle troublait l’air, excitait les grêles et les tempêtes, et donnait aux hommes des maladies de corps et d’esprit. Saint Jean Chrysostome regarde la métamorphose des compagnons d’Ulysse comme une vive allégorie.

Circoncellions, fanatiques du quatrième siècle, de la secte des donatistes. Ils parurent en Afrique. Armés d’abord de bâtons qu’ils appelaient bâtons d’Israël, ils commettaient tous les brigandages, sous prétexte de rétablir l’égalité. Ils prirent bientôt des armes plus offensives pour tuer les catholiques. On les appelait aussi scotopètes. Ils faisaient grand cas du diable et l’honoraient en se coupant la gorge, en se noyant, en se jetant, eux et leurs femmes, dans les précipices. A la suite de Frédéric Barberousse, au. treizième siècle, on vit reparaître des circonceliions qui damnaient les catholiques. Ces violents sectaires, qui pratiquaient le meurtre contre eux-mêmes et contre les autres, à l’une et l’autre époque, ne durèrent pas longtemps.

Cire. C’est avec de la cire que les sorcières composaient les petites figures magiques qu’elles faisaient fondre lorsqu’elles voulaient envoûter et faire périr ceux qu’elles avaient pour ennemis. On décapita à Paris, en 157/t, un gentilhomme chez qui l’on trouva une petite image de cire ayant la place du cœur percée d’un poignard. Voy. Envoûtement et Céromancie.

Ciruelo (Pierre), savant aragonais du quinzième siècle, à qui l’on doit un livre d’astrologie[1], où il défend les astrologues et leur science contre les raisonnements de Pic de la Mirandole.

Citation, formule employée pour appeler les esprits et les forcer à paraître. Voy. Évocation.

Cités. Saint Augustin a parfaitement décrit ce bas monde, en le divisant en deux cités : la cité de Dieu, peuplée des hommes attachés à l’Église, et la cité du diable, composée de tous les autres.

Citu, fête au Pérou, dans laquelle tous les habitants se frottaient d’une pâte où ils avaient mêlé un peu de sang tiré de l’entre-deux des sourcils de leurs enfants. Ils pensaient par là se préserver pour tout le mois de tout malaise. Les prêtres idolâtres faisaient ensuite des conjurations afin d’éloigner les maladies, et les Péruviens croyaient que toutes les fièvres étaient chassées dès lors à cinq ou six lieues de leurs habitations.

Civile (François de), gentilhomme normand, né en 1536, dont la vie fut remplie de catastrophespour la plupart imaginées par les écrivains protestants, qui ont si souvent fabriqué des romans et des historiettes, dans le but de faire lire leurs écrits. On classe cette vie prodigieuse dans les impostures historiques.

Clairon ( Claire-Josèphe-Leyris de Latude, connue sous le nom d’Hippolyte), tragédienne française, morte en 1803. Dans ses Mémoires, publiés en 1799, elle raconte l’histoire d’un revenant qu’elle croit être l’âme de M. de S…, fils d’un négociant de Bretagne, dont elle avait rejeté les vœux ; il en mourut de chagrin ; et dès lors mademoiselle Clairon entendit toutes les nuits, vers les onze heures du soir, pendant plusieurs mois, un cri aigu. Ses gens, ses amis, ses voisins, la police même, entendirent ce bruit, toujours à la même heure, toujours partant sous ses fenêtres, et ne paraissant sortir que du vague de l’air.

Ces cris cessèrent quelque temps, puis ils furent remplacés, à la même heure, par un coup de fusil tiré dans ses fenêtres, sans qu’il en résultât aucun dommage.

La rue fut remplie d’espions, et ce bruit fut entendu, sans que jamais personne pût voir de quel endroit il partait. A ces explosions succéda un claquement de mains, puis des sons mélodieux. Enfin, tout cessa après un peu plus de deux ans et demi[2]. Voilà ce que disent des mémoires publiés par mademoiselle Raucourt. C’était sans doute une mystification, qui eût fait un peu plus de bruit à Paris si c’eût été autre chose.

Clairvoyance. On exprime parce mot le don que possèdent quelques personnes de deviner des choses obscures ; à peu près comme ceux qui découvrent des sources où le commun des hommes n’en soupçonne pas.

Clarus. Saint Augustin rapporte qu’un jeune homme de condition nommé Clarus, s’étant donné à Dieu dans un monastère d’Hippone, se persuada qu’il avait commerce avec les anges. Il en parla dans le couvent. Comme les frères refusaient de le croire, il prédit que la nuit suivante Dieu lui enverrait une robe blanche avec laquelle il paraîtrait au milieu d’eux. En effet, vers minuit, le monastère fut ébranlé, la cellule du jeune homme parut brillante de lumière ; on entendit le bruit de plusieurs personnes qui allaient, venaient et parlaient entre elles, sans qu’on pût les voir. Clarus sortit de sa cellule et montra aux frères la tunique dont il était vêtu : c’était une étoffe d’une blancheur admirable et d’une finesse si extraordinaire, qu’on n’avait jamais rien vu de semblable. On passa le reste de la nuit à chanter des psaumes en actions de grâces ; ensuite on voulut conduire le jeune homme à saint Augustin; mais il s’y opposa, disant que les anges le lui avaient défendu. Ce-

  1. Apotolesmata astrologiœ humanœ, hoc est de mutationibus temporum. Alcala, 1521.
  2. Mémoires d’Hippolyte Clairon, édit. de Buisson, p. 467.