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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/281

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FIE
FIG
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la piqûre des mouches à miel, frelons et autres, en enlève aussitôt la douleur. »

Fiente de porc. — « Cette fiente guérit les crachements de sang. On la fricasse avec autant de crachats de sang du malade, y ajoutant du beurre frais, et on la lui donne à avaler (s’il en a le courage). »

Fiente de chèvre. — « La fiente de chèvre a la vertu de faire suppurer toutes sortes de tumeurs. Galien guérissait fort souvent ces tumeurs et les duretés des genoux, mêlant cette fiente avec de la farina d’orge et de l’oxycrat, et l’appliquant en forme de cataplasme sur la dureté ; elle est admirable pour les oreillons, mêlée avec du beurre frais et de la lie d’huile de noix. Ce secret semblera ridicule ; mais il est véritable, car on a guéri plus de vingt personnes de la jaunisse, leur faisant boire tous les matins, pendant huit jours, à jeun, cinq petites crottes de chèvre dans du vin blanc… »

Fiente de brebis. — « Il ne faut jamais prendre cette fiente par la bouche comme celle des autres animaux, mais l’appliquer extérieurement sur le mal : elle a les mêmes propriétés que la fiente de chèvre. Elle guérit toutes sortes de verrues, de furoncles durs et de clous, si on la détrempe avec du vinaigre, et qu’on l’applique sur la douleur. »

Fiente des pigeons ramiers et des pigeons domestiques. — « Pour les douleurs de l’os ischion, la fiente des pigeons ramiers ou domestiques est admirable, étant mêlée avec de la graine de cresson d’eau ; et lorsqu’on veut faire mûrir une tumeur ou une fluxion, on peut user d’un cataplasme dans lequel entre une once de cette fiente, deux drachmes de graine de moutarde et de cresson, une once d’huile distillée de vieilles tuiles. Il est sûr que plusieurs personnes ont été guéries par cette fiente, mêlée avec de l’huile de noyaux de pêches. » Galien dit que la fiente d’oie est inutile à cause de son âcreté ; mais on est certain qu’elle guérit aussi de la jaunisse, lorsqu’on la détrempe dans du vin blanc et qu’on en boit pendant neuf jours. « Dioscoride dit que la fiente de poule ne peut être efficace que pour guérir de la brûlure, lorsqu’elle est mêlée avec de l’huile rosat ; mais Galien et Éginette assurent que, jointe avec de l’oxymel, cette fiente apaise la suffocation et soulage ceux qui ont mangé des champignons, car elle fait vomir tout ce qui embarrasse le cœur. Un médecin du temps de Galien guérissait la colique avec cette fiente, détrempée d’hypocras fait de miel et de vin. La fiente de souris, mêlée avec du miel, fait revenir le poil lorsqu’il est tombé, pourvu qu’on en frotte l’endroit avec cette mixtion… »

« Pour conserver la beauté, voici un secret très-important au beau sexe : c’est une manière de faire le fard. On prendra de la fiente de petits lézards, du tartre de vin blanc, de la raclure de corne de cerf, du corail blanc et de la farine de riz, autant de l’un que de l’autre ; on broiera le tout dans un mortier, bien menu, on le fera tremper ensuite dans de l’eau distillée d’une semblable quantité d’amandes, de limaces de vigne ou de jardin, et de fleurs de bouillon-blanc, après cela on y mêlera autant de miel blanc, et l’on broiera encore le tout ensemble. Cette composition doit être conservée dans un vase d’argent ou de verre, et l’on s’en servira pour se frotter le visage et les mains[1]… » Voilà, convenez-en, une singulière pharmacopée.

Fièvre. Quelques personnes croient encore se guérir de la fièvre en buvant de l’eau bénite la veille de Pâques ou la veille de la Pentecôte. En Flandre, on croyait autrefois que ceux qui sont nés un vendredi ont reçu de Dieu le pouvoir de guérir la fièvre[2].

Figuier (M. Louis), auteur d’études curieuses sur le merveilleux dans les temps modernes. Trop sceptique.

Figures du diable. Le diable change souvent de formes, selon le témoignage de quantité de sorcières. Marie d’Aguerre confessa qu’il sortait en figure de bouc d’une cruche placée au milieu du sabbat. Françoise Secrétain déclara qu’il avait la mine d’un grand cadavre. D’autres sorcières ont dit qu’il se faisait voir sous les

Une des figures du diable.


traits d’un tronc d’arbre, sans bras et sans pieds, assis dans une chaire, ayant cependant quelque forme de visage humain. Mais plus généralement c’est un bouc ayant deux cornes par devant et deux par derrière. Lorsqu’il n’a que trois cornes, on voit une espèce de lumière dans celle du milieu, laquelle sert à allumer les bougies noires du sabbat. Il a encore une manière de bonnet ou chapeau au-dessus des cornes. Il s’est montré aussi en squelette.

On a prétendu que le diable se présente souvent sous l’accoutrement d’un homme qui ne veut pas se laisser voir clairement, et qui a le visage rouge de feu[3]. D’autres disent qu’il a

  1. Secrets d’Albert le Grand, p. 467.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincue, p. 457.
  3. Delancre, Tabl. de l’inconstance des démons, etc., liv. II, p. 70.