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Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/512

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ONE
OOM
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n’ont rien de comparable[1]. Voy. Cabale, Nickar, etc.

En Allemagne, le peuple croit encore aux Ondines, esprits des eaux, qui ont une assez mauvaise réputation. Du fond de leurs humides demeures, elles épient le pêcheur qui rêve au bord des ondes et l’attirent dans un gouffre où il disparaît pour toujours.

On croit en Suède à l’esprit des eaux. Chaque rivière a le sien ; tous sont soumis à un chef. De même que ceux des montagnes, ils sont invisibles : leur main seule ne l’est pas, suivant la tradition en vogue le long du lac Miæsen. Un pêcheur qui demeurait sur ses bords, désirant présenter un gâteau de Noël à l’esprit des eaux, le porta au rivage ; l’eau était gelée, il ne voulut pas poser le gâteau sur la glace, pour ne pas donner au démon la peine de la casser ; il retourna chez lui pour y prendre une pioche, puis frappa de toute sa force pour briser la glace, mais ne réussit qu’à faire un trou trop petit pour que le gâteau pût y passer. Dans son désespoir, ne sachant plus que faire, il plaça son gâteau sur la glace : aussitôt une très-petite main, aussi blanche que la neige, sortit du trou, et le gâteau se réduisant à une dimension proportionnée, la main put s’en saisir et l’emporter.

Les habitants du bord du lac ont profité de cet exemple pour épargner leur farine et leurs raisins secs. Afin d’éviter au génie du Miæsen la peine de changer la dimension du gâteau, celui qu’ils lui offrent est toujours de taille à pouvoir pénétrer par la plus petite ouverture que l’on puisse faire dans la glace. Cette tradition a formé matière à un compliment pour les dames : on dit habituellement de celles dont on veut faire l’éloge : « Elle a la main comme celle de l’esprit du lac. » Voy. Nymphes, Nictar, etc.

Oneirocritique, art d’expliquer les songes. Voy. Songes.

Ongles. Les Madécasses ont grand soin de se couper les ongles une ou deux fois la semaine ; ils s’imaginent que le diable s’y cache quand ils sont longs. C’était une impiété chez les Romains que de se couper les ongles tous les neufs jours. Cardan assure, dans son traité De varietate rerum, qu’il avait prévu par les taches de ses ongles tout ce qui lui était arrivé de singulier. Voy. Chiromancie.

On sait qu’il pousse des envies aux doigts quand on coupe ses ongles les jours qui ont un R, comme mardi, mercredi et vendredi… Enfin, quelques personnes croient en Hollande qu’on se met à l’abri du mal de dents en coupant régulièrement ses ongles le vendredi. Voy. Onychomancie.

Onguents. Il y a plusieurs espèces d’onguents, qui ont tous leur propriété particulière. On sait que le diable en compose de différentes façons, et qu’il les emploie à nuire au genre humain. Pour endormir, on en fait un avec de la racine de belladone, de la morelle furieuse, du sang de chauve-souris, du sang de huppe, de l’aconit, de la suie, du persil, de l’opium et de la ciguë. Voy. Graisse.

Onomancie ou Onomatomancie, divination par les noms. Elle était fort en usage chez les anciens. Les pythagoriciens prétendaient que les esprits, les actions et les succès des hommes étaient conformes à leur destin, à leur génie et à leur nom. On remarquait qu’Hippolyte avait été déchiré par ses chevaux, comme son nom le portait. De même, on disait d’Agamemnon que, suivant son nom, il devait rester longtemps devant Troie ; et de Priam, qu’il devait être racheté d’esclavage. Une des règles de l’onomancie, parmi les pythagoriciens, était qu’un nombre pair de voyelles dans le nom d’une personne signifiait quelque imperfection au côté gauche, et un nombre impair quelque imperfection au côté droit. Ils avaient encore pour adage que de deux personnes, celle-là était la plus heureuse dans le nom de laquelle les lettres numérales jointes ensemble formaient la plus grande somme. Ainsi, disaient-ils, Achille devait vaincre Hector, parce que les lettres numérales comprises dans le nom d’Achille formaient une somme plus grande que celles du nom d’Hector. C’était sans doute d’après un principe semblable que, dans les parties de plaisir, les Romains buvaient à la santé de leurs belles autant de coups qu’il y avait de lettres dans leur nom. Enfin, on peut rapporter à l’onomancie tous les présages qu’on prétendait tirer des noms, soit considérés dans leur ordre naturel, soit décomposés et réduits en anagrammes ; folie trop souvent renouvelée chez les modernes. Voy. Anagrammes.

Cœlius Rhodiginus a donné la description d’une singulière espèce d’onomancie ; Théodat, roi des Goths, voulant connaître le succès de la guerre qu’il projetait contre les Romains, un devin juif lui conseilla de faire enfermer un certain nombre de porcs dans de petites étables, de donner aux uns des noms goths, avec des marques pour les distinguer, et de les garder jusqu’à un certain jour. Ce jour étant arrivé, on ouvrit les étables, et l’on trouva morts les cochons désignés par des noms goths, ce qui fit prédire au juif que les Romains seraient vainqueurs[2].

Onychomancie, divination par les ongles. Elle se pratiquait en frottant avec de la suie les ongles d’un jeune garçon, qui les présentait au soleil, et l’on s’imaginait y voir des figures qui-faisaient connaître ce qu’on souhaitait de savoir. On se servait aussi d’huile et de cire.

Oomancie ou Ooscopie, divination par es œufs. Les devins des anciens jours voyaient dans

  1. L’abbé de Villars, dans le Comte de Gabalis.
  2. M. Noël, Dictionnaire de la Fable.