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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/148

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pas renoncer à notre drapeau, et abandonner un nom qui nous appartient. »

Verrycken : « Ce n’est pas dans un moment comme celui-ci qu’il peut être question d’abandonner un drapeau qui a traversé vaillamment tant d’orages. On a dit qu’il y a deux Internationales. Mais le parti de Marx et son Conseil général n’existent plus qu’à l’état de fantôme, et le Congrès que ces gens-là doivent tenir ici le 8 septembre n’est pris au sérieux par personne. Nous devons garder notre nom, parce qu’il n’y a pas d’autre Internationale que les fédérations ouvrières ici représentées. »

Costa : « Hales a dit que nous avons la réalité, et que le nom importait peu. Le nom, au contraire, importe beaucoup. La bourgeoisie ne sait pas au juste ce que c’est que l’Internationale, mais ce mot lui fait peur ; et, parmi les ouvriers, beaucoup viennent à nous attirés par le seul prestige du nom de notre association. Renoncer à notre nom, à ce nom qui est une partie de notre force, ce serait abdiquer.- »

Spichiger : « J’ajouterai, en réponse à Hales, que ce n’est pas un grand mal si, dans la propagande, deux courants contraires se disputent l’organisation des masses populaires ; il est bon que le peuple apprenne, en voyant ces deux courants à l’œuvre, que l’un veut la liberté, et que l’autre est la négation de la liberté, c’est-à-dire représente le principe d’autorité. »

Manguette demanda si, tout en conservant le nom actuel de l’Internationale, nous ne pourrions pas y joindre une formule qui désignât clairement la fraction de l’Internationale à laquelle nous appartenons. — Le rapporteur répondit que si le Congrès adoptait un sous-titre, il reconnaîtrait implicitement qu’il y avait deux Internationales : « Or, pour nous, il n’en existe qu’une. Il n’y a pas à craindre que des manifestes émanant du parti autoritaire puissent être confondus avec les nôtres ; leur contenu seul les rendra suffisamment reconnaissables, et les ouvriers ne s’y tromperont pas. »

Devant l’unanimité des protestations qui avaient accueilli sa proposition, Hales déclara qu’il la retirait.

L’article Ier du projet de statuts revisés fut ensuite adopté sans discussion et à l’unanimité. La discussion sur l’article 2 fut renvoyée à la séance de l’après-midi, pour qu’un délégué (Perrare) qui avait annoncé vouloir prendre, la parole sur cet article, et qui, retenu le matin par son travail, était absent, pût prendre part au débat. Les articles 3, 4 et 5 furent adoptés sans discussion à l’unanimité.

Un débat s’engagea ensuite sur le 3e alinéa de l’article 6, alinéa ainsi conçu : « Il ne sera fait usage du vote [dans les Congrès] que pour les questions administratives, les questions de principe ne pouvant être l’objet d’une votation ». Manguette dit que la fédération de la vallée de la Vesdre s’était prononcée contre l’idée émise dans ce paragraphe. Viñas et les deux délégués anglais se prononcèrent dans le même sens que Manguette ; Viñas dit : « Il est toujours utile d’avoir la statistique des opinions ; or le seul moyen pour cela, c’est de voter, mais le vote n’engagera personne, ne créera aucune décision obligatoire » ; Eccarius : « Je crois qu’il ne faut pas renoncer au vote dans les questions de principe ; seulement il devra être entendu que le vote n’a qu’un but de statistique, et n’a pas force de loi ; si l’on ne vote pas, on ne saura pas quelle aura été en réalité l’opinion du Congrès sur les questions qu’il aura discutées ». Le rapporteur répondit à Eccarius : « C’est là justement ce que nous combattons ; il ne faut pas qu’il y ait une opinion officielle du Congrès sur telle ou telle question de principe ; quant à constater les diverses opinions qui se sont trouvées en présence dans le Congrès, les procès-verbaux en donnent le moyen ; toutes les opinions diverses y sont consignées ». Costa, Alerini, Brousse, Van den Abeele, Joukovsky, parlèrent dans le même sens que le rapporteur ; Brousse dit : « Le vote partage simplement une assemblée en majorité et en minorité ; il n’est donc pas l’image exacte de la diversité des opinions ; dans une question un peu complexe, il peut y avoir bien plus de deux avis différents, il peut même y avoir autant d’avis que d’individus ; le seul moyen vraiment pratique de faire le recensement des opinions, c’est