Aller au contenu

Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La Commission, par l’organe de Joukovsky, proposait une déclaration assez mal rédigée, dont la première partie insistait sur la nécessité de l’organisation régionale et internationale des corps de métier ; la seconde partie disait : « La grève générale n’étant autre chose que la révolution sociale, car il suffit de suspendre tout travail seulement pendant dix jours pour que l’ordre actuel croule entièrement, par cette raison, cette question est réservée ».

Manguette et Van den Abeele combattirent ce projet de déclaration, que Cyrille et Joukovsky défendirent. Hales, employant pour la première fois, à ma connaissance, une expression qui depuis a fait fortune en Allemagne (Generalstreik, Generalunsinn), s’exprima ainsi : « La grève générale est impraticable, et c’est une absurdité. Pour faire une grève générale, il faudrait d’abord s’organiser partout à cet effet : or, lorsque l’organisation des travailleurs sera complète, la révolution sociale sera faite. » Après une discussion assez confuse, où Alerini, Bert et Farga prirent encore la parole, la Commission, se ravisant, présenta un projet de résolution qu’elle venait de rédiger et qu’elle substituait à la déclaration proposée par elle en premier lieu ; ce fut Costa qui en donna lecture ; le projet était ainsi conçu :


Le Congrès, considérant que, dans l’état actuel de l’organisation de l’Internationale, il ne peut être donné à la question de la grève générale une solution complète, recommande aux travailleurs, d’une façon pressante, l’organisation internationale des unions de métier.


Farga proposa d’ajouter une phrase recommandant « une active propagande socialiste et révolutionnaire ». Verrycken se rallia à l’amendement de Farga, à la condition qu’on en retranchât le mot de « révolutionnaire », qui, dit-il, « bien souvent est entendu dans le sens de bataille dans les rues, et qui ne serait pas compris en Belgique ». Farga répondit qu’il consentait volontiers à la suppression du mot « révolutionnaire ».

Le nouveau texte de la Commission, complété par l’amendement Farga, fut alors adopté à l’unanimité, en la teneur suivante (dont il fut donné connaissance dans la séance publique de l’après-midi) :


Le Congrès, considérant que, dans l’état actuel de l’organisation de l’Internationale, il ne peut pas être donné une solution complète à la question de la grève générale, recommande d’une façon pressante aux travailleurs l’organisation internationale des unions de métier, ainsi qu’une active propagande socialiste.


L’ordre du jour appelait ensuite la continuation de la discussion sur la revision des statuts généraux. Il était dix heures du matin. Pour continuer cette discussion dans les conditions de publicité qu’il estimait nécessaires, le Congrès, levant la séance administrative, se déclara en séance publique.


Dans cette séance, la neuvième, ouverte à dix heures du matin, Hales proposa, au nom de la Section de Liverpool, le changement du nom d’Association internationale des travailleurs en celui de Fédération internationale du travail. « En Angleterre, dit-il, il y a actuellement deux Internationales qui se combattent, et qui se disputent l’alliance des Trade Unions ; et celles-ci, ne comprenant rien à cette division, ne savent auxquels entendre. On me répondra peut-être que c’est à nos adversaires du parti autoritaire de renoncer à prendre le titre d’Internationale ; mais je trouve que nous serons les plus sages, si nous y renonçons les premiers. Que nous importe le nom, pourvu que nous ayons la réalité ! »

Le rapporteur répondit à Hales que si la situation était partout la même qu’en Angleterre, sa proposition pourrait être prise en considération ; mais qu’il n’en était pas ainsi dans la plupart des autres pays d’Europe, bien au contraire. « En Espagne, en Italie, en France, en Belgique, en Hollande, dans le Jura, il n’existe qu’une Internationale, la nôtre. Nous ne pouvons