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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/600

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il pourra réaliser, en partie du moins, sinon complètement, ses espérances. Avouez-le donc une fois, politiciens d’aujourd’hui, ci-devant socialistes, pour que nous puissions dire tout haut ce que vous pensez tout bas : « Vous êtes des menteurs ! » Oui, des menteurs, je maintiens le mot, puisque vous mentez au peuple lorsque vous dites qu’il améliorera son sort en vous envoyant au Parlement ; vous mentez, car vous-mêmes vous avez assez répété, il y a quelques années à peine, absolument le contraire.

Réussirez vous comme tactique ? Nous le saurons bientôt, lorsque le peuple, après s’être battu pour améliorer sa position économique, ne verra se produire qu’un changement de gouvernement : lorsqu’il verra, au gouvernement nouveau, vous-mêmes, qui, par la force même des conditions dans lesquelles vous vous placez d’avance, serez forcément à votre tour traîtres à la cause du peuple.


Le second article expose « les éléments constitutifs du socialisme révolutionnaire », qui sont : 1° l’affirmation que chacun devrait jouir du produit intégral de son travail, au lieu que, dans l’ignoble ordre de choses actuel, une poignée d’oisifs vit de la misère de millions de travailleurs ; 2° la conviction profonde que cet ordre de choses ne peut continuer d’exister, qu’il est possible de l’abolir et de le remplacer par un meilleur ; 3° le plus essentiel, enfin, le sentiment de répulsion envers l’injustice, l’esprit de révolte. Cet esprit de révolte, ce n’est pas par la participation à la politique parlementaire qu’on le développera ; ce qui le fera naître et croître dans les masses, ce sont les protestations énergiques contre la tyrannie, c’est l’habitude de faire suivre les paroles pur les actes. Aussi nos maîtres ne s’y méprennent pas : « Dès son apparition, ils le poursuivent, cet esprit de protestation : C’est, disent-ils, un premier pas vers l’émeute ». Mais cela n’est encore que la révolte individuelle, et c’est la révolte collective qu’il nous faut. Nous l’aurons, quand les masses ne se laisseront plus égarer par les endormeurs :


Nous croyons au bon sens du peuple. Il comprendra que l’on n’arrive qu’à ce à quoi l’on vise, et qu’encore on n’y arrive pas d’un bond… Il comprendra que ce ne sont plus les droits du citoyen, mais les droits du travailleur que nous avons à proclamer. Il comprendra qu’une fois la conviction acquise, que sans liberté économique il n’y a pas de liberté politique, cette conviction ne saurait rester un vain mot… Il ne nous reste donc qu’à proclamer franchement l’émancipation économique, à dire que, hors de l’expropriation et de la suppression de la bourgeoisie, de la démolition de l’État et de toutes les institutions bourgeoises, il n’y a pas de salut, il faut saisir chaque occasion de réaliser ce programme, ne fût-ce que pour un jour.


Dans le no 31 (5 août) parut un troisième article (auquel Brousse a évidemment collaboré, comme le montrent certaines phrases, ou qu’il a peut-être même écrit en entier), intitulé : La Propagande par le fait. En voici les passages principaux :


Depuis quelque temps on parle souvent, dans la Fédération jurassienne, d’une chose dont le nom au moins est nouveau : la Propagande par le fait. Il peut ne pas être inutile d’en dire un mot, ne fùt-ce que pour ceux de nos lecteurs qu’on a trompés sur la portée des manifestations de Notre-Dame-de-Kazan, de Bénévent et de Berne. Les explications que nous allons donner nous paraissent d’autant plus utiles qu’il existe près de nous des partis dont les chefs (ces partis ont des chefs), autrefois socialistes, ne l’étant plus guère aujourd’hui que de nom, ne veulent plus rien exposer dans les