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Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/698

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temps. » Vers la fin d’avril il se décida à se mettre en sûreté, et, quittant Paris, il alla se fixer momentanément à Genève.

En prévision de mon départ, j’avais dû donner, pour la fin de mars, ma démission des fonctions de rédacteur du Bulletin. En outre, le Comité fédéral jurassien, par le départ de Gustave Jeanneret (qui avait eu lieu en juillet 1877) et par le mien, allait se trouver réduit à deux membres, Fritz Wenker et Henri Robert ; la Section de Neuchâtel demanda donc que le Comité fédéral fût transféré dans une autre localité, et ce fut la fédération du district de Courtelary qui fut désignée pour succéder à Neuchâtel. Quant au Bulletin, nous avions reconnu, après avoir bien pesé le pour et le contre, que le seul parti à prendre était d’en suspendre la publication ; il fut donc décidé que le numéro du 25 mars 1878 serait le dernier ; en tête de ce numéro parut l’article suivant, par lequel, en expliquant les motifs d’une disparition qu’on espérait ne devoir être que momentanée, le Bulletin prenait congé de ses lecteurs :


Suspension de la publication du Bulletin.

Les sections de la Fédération jurassienne de l’Internationale ont été appelées, par une récente circulaire de leur Comité fédéral, à examiner la situation de leur organe ; et elles ont décidé à l’unanimité, sauf une exception, que le Bulletin devait suspendre sa publication.

Les motifs de cette mesure sont la diminution du chiffre des abonnés, qui s’est produite lors du renouvellement de l’abonnement en janvier dernier, et le peu de régularité avec lequel s’est effectué le paiement des abonnements de l’année dernière.

Un nombre considérable d’abonnés, en 1877, avaient prié l’administration du Bulletin de les dispenser de payer l’abonnement d’avance, et d’avoir patience jusqu’à la fin de l’année[1]. L’administration, prenant en considération la cruelle situation où la crise a mis la plupart des ouvriers, ne crut pas devoir opposer un refus aux demandes de ce genre. Mais il se trouva que, l’année finie, les abonnés retardataires, soit négligence, soit impossibilité matérielle, ne réglèrent pas leur compte, et laissèrent l’administration en présence d’une dette qui dut être couverte par des souscriptions particulières ; de plus, la plupart de ces abonnés ne renouvelèrent pas leur abonnement.

Il eût été possible, en imposant aux sections des sacrifices qu’elles eussent certainement consenti à accepter, de continuer la publication du Bulletin. Mais on avait à se demander s’il était dans l’intérêt du parti socialiste du Jura d’employer la plus grande partie de ses ressources financières à procurer une existence artificielle à un journal ; et l’opinion qui a prévalu, c’est qu’il valait mieux attendre une reprise des affaires, qui, en assurant aux ouvriers un travail plus régulier et mieux payé, permettrait à ceux qui avaient dû renoncer à l’abonnement au Bulletin de s’inscrire de nouveau parmi ses abonnés.

Nous savons que cette décision sera pénible pour plus d’un : le Bulletin

  1. Pour payer les factures mensuelles de l’imprimeur, nous avions dû avoir recours (ce que nous n’avions fait autrefois que très exceptionnellement) au système des billets à ordre. Je retrouve dans un livre de comptes la mention des échéances suivantes de billets souscrits pour le Bulletin : 1817. Août 10 : pour facture d’avril, 191 fr. 50 ; — Septembre, 15 : pour facture de mai, 199 fr. 60 ; — Novembre 11: pour facture de juillet, 240 fr. 30 ; — Décembre 20 : pour facture d’août, 273 fr. 05 ; — 1878. Janvier 10 : pour facture de septembre, 247 fr. 85.