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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/226

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qui, les premiers, entendirent les chœurs célestes entonner : Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonse volantatis !

Un incessant fleuve humain pénètre dans la grotte par la droite, s’écoule au long du rocher qu’il baise et polit, et ressort par ta gauche après avoir ainsi formé un remous autour de l’autel central. C’est ce fleuve tourbillonnant ici que j’entendais gémir déjà depuîs des jours, à son passage à Orthez, dans la longue file des trains qui le grossissent.

C’est une à une que les personnes contournent la sainte excavation : Bretonnes aux coiffes inclinées comme les voiles des bateaux dans la tempête, Ossaloises drapées comme des sphinx par le capulet, Alsaciennes sur la tête de qui plane un papillon de deuil, Béarnaises dont le petit foulard est rond comme un nid de fauvette.

Toutes, et tous aussi, défilent devant moi et tiennent leurs chapelets, ces grains de l’humilité sombre qu’ils jettent auvent de Dieu. Et, d’un coin de la grotte où je demeure agenouillé en aspirant la douce odeur des cires brûlantes, j’entends tous ces semeurs de ro-