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Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/289

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MÉDITATION SUR UNE GOUTTE DE ROSÉE

gés de fruits n’étaient plus gais comme autrefois… Une joie les avait quittés, je ne sais laquelle. Et puis jamais elle n’avait revu sur la pelouse ce papillon si coloré qui s’était éployé devant elle dans la torride splendeur d’un jour de grandes vacances…

Et l’âge s’avançait. Et voici qu’au déclin de la Destinée elle n’interrompit guère plus sa lecture. Il neigeait au dehors. Il était sept heures du soir. La glace, éclairée par la lampe dont chaque pleur battait la mesure au silence, renvoyait à la vieille fille l’image troublée des métamorphoses humaines. Plus de cheveux de miel qu’en se jouant jadis elle enroulait à la grâce de son poignet fragile… Mais deux bandeaux sévères qui évoquaient ces autres bandeaux qui servent à ensevelir les morts… Plus de sourire clair comme un jardin d’avril sur la joue épanouie, mais le sillon que forme peu à peu l’amère coulée des larmes.

Que la paix de Dieu descende sur ces existences anciennes qui ont pour moi la jeunesse