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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/199

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L’ABBÉ CHÂTEL

était debout, renversant, coupant, dévastant, jonchant la terre de croyances, d’églises, d’armées, de papes, d’évêques, d’indulgences, de messes, d’hosties, de confessionnaux ; ouvrant les monastères, les tombeaux, le purgatoire ; dénouant tout ce qui était noué sur la terre, et dans le ciel, et dans l’enfer ; Luther et le 15e siècle unis tous deux, mariés tous deux, accouplés tous deux, heureux tous deux jusqu’à l’inceste, étonnés tous deux l’un de l’autre, grondant tous deux, se remuant tous deux ! même lave, même fumée, mêmes cendres, mêmes feux bleus et rouges : Voilà qui était beau ! Mais aujourd’hui, chez nous, à Paris, entre deux émeutes, après deux révolutions, parmi nos bourgeois vaniteux, nos femmes guindées et ménagères, nos artistes couleur de rose, à côté de notre Italie autrichienne, sous le joug de cette indifférence qui nous déshonore et nous perd, un 15e siècle, à nous ! un Luther, à nous ! une réforme religieuse en 1831, quelle triste parodie !