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Page:Janin - Les catacombes, tome 3.djvu/99

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ALBERT DURER.

l’admirable vie domestique était tout pour l’artiste, ou tout au moins la moitié de son talent, il fallait à ces êtres à part une bonne femme ; c’était là pour eux une condition presque aussi indispensable de bonheur que le génie. Les mœurs simples et douces, l’égalité d’humeur, la sérénité de l’âme, le sourire qui encourage ou qui console, l’attention prévenante dans cette foule de petites et cruelles maladies qui poursuivent les hommes d’une haute intelligence et d’une sensibilité nerveuse : voilà ce qui manqua tout à fait à notre Albert. Sa femme était belle, mais égoïste, impérieuse, mécontente. Cette femme était la fille de Franc Frey ; il l’avait donnée, en mariage à Albert quand Albert fut de retour de son premier voyage dans les Pays-Bas. C’était alors le meilleur jeune homme de l’Allemagne, simple de cœur et d’esprit, passionné et naïf, enthousiaste et savant, Il avait beaucoup profité de l’exemple et de la conversation des grands peintres ; entre autres, Martin Schoen