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marianna.

Le bonheur était là en effet ; mais il en est du bonheur comme il en est de la vertu. Chassez-le sans pitié : vous ne le verrez pas revenir. Cette pauvre femme, ainsi brisée, revenait trop tard à son gîte. Elle était comme le forçat échappé qui traîne encore le bout de sa chaîne étroitement rivée à sa jambe droite. S’il ne fallait qu’obéir à la poésie et s’abandonner en toute liberté aux caprices de son cœur pour revenir ensuite à son devoir et pour retrouver intacts tous les biens qu’on a perdus, cela serait trop simple et trop facile, délivrée de son dernier amour comme elle avait été délivrée de sa première douleur, Marianna voulut en vain rentrer sous ce toit paisible, qui lui apparaissait maintenant comme l’Éden apparut à notre premier père après sa désobéissance ; une force invincible la retint sur ce seuil profané. Ce n’était pas son mari qu’elle redoutait, c’était le remords. À la fin cependant elle voulut pénétrer dans ce sanctuaire des joies domestiques : vains