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Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/73

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Il y avait certainement un crochet au bout de sa phrase, sifflante dans le vent, selon une trajectoire. On essaya des tirs à blanc, sur la grande cible immaculée, où il y avait aussi une croix noire, comme on trace deux lignes pour hypnotiser un coq. Et il y eut un bruit de chasse, toujours bredouille, comme on rêve, dans la prairie déserte :

 « Décochons, décochons, décochons
Des traits
Et détrui, et détrui,
Détruisons l’ennemi.
C’est pour sau, c’est pour sau,
C’est pour sau-ver la pa-tri-e !
 »

Et puis on marcha, toute la compagnie de front, trop flexible, convexe et concave, le pied dans des trous, sur des bosses, paisiblement, entre la course des sergents et adjudant devant-derrière, sans penser à rien, ce qui n’était pas désagréable. Sengle dormait tout à