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Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/83

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Je ne sais pas si mon frère m’oublie
Mais je me sens tout seul, immensément
Avec loin la chère tête apâlie
Dans les essais d’un souvenir qui ment.

J’ai son portrait devant moi sur la table,
Je ne sais pas s’il était laid ou beau.
Le Double est vide et vain comme un tombeau.
J’ai perdu sa voix, sa voix adorable,
 
Juste et qui semble faite fausse exprès.
Peut-être il l’ignore, trésor posthume.
Hors de la lettre elle s’évoque, très
Soudain cassée et caressante plume.

Il retrouva un regard qui l’évitait moins et une bouche où à défaut de paroles respirait un peu de souffle dans un portrait plus ancien de Valens, cinq ans avant, presque enfant, en marin noir, dans de la verdure. Et puis il vit qu’il s’était peut-être trompé et contemplait sa propre image, sept ans et demi avant,