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Page:Jarry - Les jours et les nuits, 1897.djvu/84

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et c’était devant un miroir qui aurait gardé sa figure sans vieillir qu’il avait murmuré ces vers.


Sengle découvrait la vraie cause métaphysique du bonheur d’aimer : non la communion de deux êtres devenus un, comme les deux moitiés du cœur de l’homme, qui est isolément double chez le fœtus ; mais la jouissance de l’anachronisme et de causer avec son propre passé (Valens aimait sans doute son propre futur, et c’est peut-être pourquoi il aimait avec une violence plus hésitante, ne l’ayant pas encore vécu et ne le pouvant tout comprendre). Il est admirable de vivre deux moments différents du temps en un seul ; ce qui est suffisant pour vivre authentiquement un moment d’éternité, soit toute l’éternité, puisqu’elle n’a pas de moment. C’est aussi énorme que le vraisemblable