Page:Jaurès à Limoges, 1913.djvu/10

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torisant du vote que la majorité venait récemment d’émettre.

Après cette défection d’une partie des proportionnalistes radicaux, ce fut le tour de ceux de la droite et du centre.

Il y a avait eu une réunion des groupements proportionnalistes à l’hôtel du Musée social et l’engagement réciproque avait été pris, formel, solennel, public, que si le ministère nouveau, quel qu’il fût et quel que fût son programme, n’apportait pas la proportionnelle, on voterait contre lui.

Mais M. Barthou arrivait avec l’auréole élyséenne autour du front, il arrivait en promettant à la réaction la loi de trois ans, et comme la loi de trois ans ne pouvait pas attendre, comme la frontière était menacée, comme il était urgent d’y envoyer pour la défendre deux classes de conscrits qui ne savent pas encore tenir le fusil, la droite dit : « Tout doit passer derrière la Patrie : j’ai un gouvernement qui me plaît, un président de la République qui me plaît, je serais bien folle de m’attarder à cette vieille R. P. dont les deux lettres ne signifient plus maintenant que les deux initiales R. P. que vous connaissez. »

Eh bien ! citoyens, je dis que les radicaux s’apercevront que c’est nous qui faisions acte de prévoyance républicaine, d’esprit organique républicain, lorsque nous proposions, lorsque nous défendions la réforme électorale, et peut-être ne sera-t-il pas trop tard pour eux maintenant, après des années de conservatisme ou d’équivoque, après avoir habitué une partie de leurs adhérents à s’engager dans les voies de la réaction, après en avoir logé une partie dans la forteresse réactionnaire de la loi de trois ans, ne sera-t-il pas trop tard pour eux pour se dégager et s’organiser ?