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L’Abandon de la Réforme Électorale

Ah ! cette réforme électorale, comme il s’est trouvé des républicains pour nous reprocher de l’avoir passionnément défendue ! Ils nous disaient que nous faisions le jeu de la réaction. Eh bien ! voulez-vous que je vous dise le fond de ma pensée ? À l’exclusion d’une élite d’hommes, comme Charles Benoist et quelques autres, le gros des modérés et le gros des conservateurs n’ont jamais voulu au fond réaliser la réforme électorale.

Ils voulaient en parler, ils voulaient qu’on en parlât et, parce que les radicaux en majorité la combattaient, ils croyaient jouer un bon tour à ceux-ci en la réclamant. Mais au fond, ils n’en voulaient guère.

Je vois maintenant dans les journaux que nous, socialistes, nous abandonnons la réforme électorale ; or, il n’y a que nous qui ne l’ayons jamais abandonnée. Vous m’entendez bien, il n’y a que nous parmi les proportionnalistes qui ne lui ayons pas été infidèles un seul jour.

Dans la crise ministérielle qui a suivi la chute du ministère Briand renversé devant le Sénat sur la réforme électorale, il y a eu un vote ; nous avons demandé, pendant que le président de la République appelait les candidats ministériels, que la majorité proportionnaliste déclarât qu’elle ne donnerait sa confiance qu’à un ministère qui continuerait à soutenir la proportionnelle.

Ce jour-là, c’est une partie des proportionnalistes radicaux augmentée de quelques proportionnalistes de droite qui fit défaut : nous fûmes battus.

M. Poincaré vit par là que la Chambre n’avait pas gardé à la proportionnelle une fidélité plus inflexible que la sienne ; aussi M. Barthou put paraître devant la Chambre en renonçant à la proportionnelle et en s’au-