Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/264

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primes au commerce ; 2° traiter avec une maison de commerce qui ferait l’opération en régie pour le compte du gouvernement. Le premier moyen paraît offrir plus d’inconvénients que d’avantages : on craint qu’il ne fasse resserrer les blés et qu’il n’en augmente le prix. Le second moyen promet des résultats plus sûrs : il pourrait fournir, moyennant 1 500 000 francs, 100 000 quintaux par mois, il exigerait, pour les deux premiers mois, une avance de 3 millions. Le conseil ne se fixe à aucune détermination. Le ministre de l’intérieur est invité à proposer incessamment d’après les vues exposées dans le cours de la discussion les moyens qu’il croira les plus propres à procurer les approvisionnements nécessaires à la consommation de Paris, et les mesures à suivre pour l’exécution. Le premier consul fait mettre sous les yeux du conseil un mémoire[1] qui a pour objet l’application aux circonstances actuelles d’un système anciennement suivi, et qui consiste à charger le munitionnaire des vivres de l’armée de faire, indépendamment d’un approvisionnement de 300 000 sacs auquel il est obligé par son marché, un approvisionnement d’une quantité semblable pour le compte du gouvernement. Il observe, après la lecture de ce mémoire, que ce moyen, bon pour prévenir les besoins, est inexécutable lorsqu’ils commencent à se faire sentir. Il ordonne au préfet de police de s’assurer avant la fin de la semaine : 1° si le magasin de farines des boulangers à Sainte-Élisabeth est complet ; 2° si le magasin de farines de réserve est complet ; 3° si le magasin militaire est approvisionné pour 20 000 rations par jour pour trois mois ; 4° si les magasins des hospices, des invalides et de la garde des consuls sont approvisionnés pour trois mois. Le préfet de police remettra nonidi prochain au premier consul un rapport sur les résultats de cette vérification. Le premier consul invite le conseil à exprimer son opinion sur les moyens à prendre : 1° pour assurer pendant l’hiver de l’ouvrage aux ouvriers tels que maçons, manœuvres ; 2° pour faire descendre le prix du pain à 10 sous ; 3° pour disposer les artisans et les citoyens pauvres à consommer du pain d’une qualité inférieure au prix de 13 à 14 sous.

Les membres du conseil présentent sur le premier objet des vues qui donnent lieu aux déterminations suivantes : Le ministre de l’Intérieur prendra des mesures pour employer 100 000 fr. par mois d’hiver à des journées de maçon dans les carrières, il proposera demain un projet d’arrêté pour la démolition du Châtelet ; il fera commencera primidi prochain, les travaux de la ménagerie du muséum d’histoire naturelle ; il présentera incessamment un rapport sur la démolition des maisons qui bordent la rivière entre le pont Notre-Dame et le pont Rouge ; il pressera les travaux du marché Saint-Honoré et rendra compte des mesures à prendre pour l’ouverture de la rue qui, en passant sur la maison du citoyen Rouen, notaire, débouchera de ce marché sur la rue neuve des Petits-Champs ; il prendra connaissance du projet du citoyen Bralle pour la construction de quatre fontaines qui seraient

  1. C’est le mémoire cité plus haut, p. 250.