Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/324

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La première est une lettre de l’empereur datée de Milan, le 17 décembre 1807, et adressée à Crétet, ministre de l’Intérieur.

« Monsieur Crétet, vous trouverez ci-joint un décret relatif à l’Angleterre. Avant de le publier, vous écrirez une circulaire à toutes les chambres de Commerce pour leur faire sentir les conséquences funestes qu’aurait pour l’avenir cette nouvelle législation de l’Angleterre, si elle était passée sous silence ; qu’il vaut mieux s’interdire tout commerce, n’importe pendant combien de temps, que de le faire au profit et sous la législation anglaise. Enfin, vous les exciterez à la course, qui, dans l’arbitraire que les Anglais ont établi, est notre seul moyen d’approvisionnement. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte-garde. »

Signé : Napoléon.

M. Crétet s’empresse d’exécuter les ordres de Napoléon, et voici la réponse que fait aussitôt la chambre de Commerce de Marseille, rassemblée en toute hâte.

« Extrait du Registre des Délibérations de la Chambre de Commerce de Marseille. Bureau du 30 décembre 1807

« La Chambre de Commerce, assemblée en vertu de la convocation extraordinaire faite par M. le conseiller d’État, préfet, président, par suite des ordres de son Excellence le ministre de l’Intérieur, a pris la délibération suivante :

« La séance étant ouverte, M. le Président a donné connaissance à la Chambre d’un décret impérial contenant de nouvelles mesures contre le système maritime de l’Angleterre, rendu à Milan le 17 décembre 1807, et a remis à la Chambre une lettre de son Excellence le ministre de l’Intérieur du 24 de ce mois, relative aux dispositions arrêtées par le gouvernement britannique, en date du 11 novembre dernier, qui assujétissent les bâtiments des puissances neutres, amies et même alliées de l’Angleterre, non seulement à une visite par les croiseurs anglais, mais encore à une station obligée en Angleterre et à une imposition arbitraire de tant pour cent sur leur chargement, qui doit être réglée par la législation anglaise. »

« La Chambre après avoir entendu la lecture de cette lettre et du décret impérial et ouvert la discussion sur leur contenu :

« Considérant que les dispositions arrêtées par le gouvernement britannique sont destructives du commerce et de l’industrie, et attentatoires à l’indépendance et à la souveraineté de toutes les nations, qu’aucune puissance ne pourrait se soumettre à une aussi odieuse tyrannie, sans se déshonorer aux yeux de la génération présente et de la postérité ; qu’il appartient