Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/438

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négociations. Metternich, pendant ce temps, déployait une prodigieuse activité, multipliant ici les assurances des sympathies de l’Autriche à l’égard de Napoléon ; donnant là des gages de l’attachement de l’Autriche à la cause des peuples coalisés et préparant très habilement l’armement des troupes de François II. Ce fut également par l’entremise de Metternich, qui voyait dans cette convention la possibilité d’organiser plus solidement la coalition générale de l’Europe contre la France, que les négociations proposées par les souverains russe et prussien aboutirent, le 4 juin 1813, à la signature d’un armistice de deux mois, accepté par Napoléon. Cette convention de Pleswitz allait singulièrement servir les vœux de Metternich ; elle constituait, de la part de Napoléon, une erreur funeste, dont les déplorables effets n’allaient point se faire attendre.

L’empereur croyait vivement, cependant, à l’efficacité de cette suspension d’hostilités dont il comptait profiter pour la réorganisation de ses armements, de sa cavalerie, pour l’incorporation dans les cadres qu’il avait autour de lui de nouvelles recrues et de contingents en retard. Persistant au fond plus que jamais dans ses desseins belliqueux, il souhaitait, dès la fin de l’armistice, étonner l’Europe par le bruit d’une victoire fougueuse, et mater ainsi de nouveau les peuples en désordre. Il ne doutait point, en songeant aux débuts, heureux en somme, de cette campagne, qu’un tel coup ne fût possible ; soucieux toutefois d’en préparer habilement l’exécution, il s’essaya, durant l’armistice, à la ruse, comptant bien à tort sur la faiblesse et la timidité de ses ennemis. Dans le dessein de faire connaître au monde et surtout à la coalition que sa confiance dans l’issue des événements l’autorisait à des allures désinvoltes, il fit venir de Paris les meilleurs comédiens du Théâtre-Français, et parut prendre, lors des représentations où ceux-ci interprétèrent les pièces spirituelles ou dramatiques de leur répertoire, un vif plaisir.

Napoléon avait installé son quartier-général dans la capitale de la Saxe, à Dresde, d’où il lançait, avec une audace qui ne se démentait point, les nouvelles les plus optimistes sur l’état de ses affaires ; à l’entendre, la situation n’avait rien que de fort rassurant, et la rapidité avec laquelle il pressait l’exécution des ordres relatifs à l’armée n’était, à ce qu’il déclarait, qu’une manière d’insister avec plus d’assurance pour le rétablissement de la paix. Cela ne l’avait d’ailleurs point empêché d’envoyer à Davoust des instructions sur l’urgence qu’il y avait à réprimer sans merci la révolte des villes hanséatiques, et plus particulièrement de Hambourg. Davoust exécuta les ordres de l’empereur, et sans aucun souci des exactions et des abus de pouvoir qu’il commettait, rétablit pour un temps la domination française.

Nous avons dit à l’instant avec quel zèle et quelle activité fébrile Napoléon poussait l’organisation de ses troupes et la fortification de certaines places. Depuis la signature de l’armistice, les alliés ne montraient pas moins d’inquiétude et d’empressement à rassurer le concours efficace des