Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/538

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ville de Lyon affirment que la chose est impossible, chacun gardant le secret de ses relations. »

Même note alarmante en ce qui concerne Bolbec :

« Les manufactures de Bolbec et des environs sont à peu près dans le même état que celles de Rouen. Les fabriques d’indiennes, celles de réserves (qui impriment sur siamoises) ne font plus que la moitié de ce qu’elles faisaient l’année dernière. Celles de calicots ont éprouvé encore une plus grande réduction.

« La fabrication des mouchoirs de fil et de coton a diminué de plus d’un tiers.

« Toutes ces manufactures employaient en masse une grande quantité d’ouvriers, mais chacune, en particulier, n’en avait pas un grand nombre, et, de plus, ces établissements n’étaient pas réunis sur le même point ; les ouvriers non employés ont pu trouver, plus facilement que ceux de Rouen, de l’occupation dans les campagnes ; plusieurs d’entre eux sont même allés travailler au Havre. Néanmoins, beaucoup, n’ayant pas assez de force pour ces travaux, sont obligés de mendier.

« Les grandes filatures filent à peu près le tiers de ce qu’elles filaient l’année dernière, mais filant plus fin, elles occupent encore la moitié de leurs ouvriers. Les petits établissements de ce genre sont nuls en ce moment.

« J’ai visité en détail la filature de MM. Le Maître, et j’y trouve encore assez d’activité. Cette manufacture, la plus ancienne et la plus considérable de ce pays, est située à deux lieues de Bolbec, et elle occupe en ce moment près de 300 ouvriers ; dans ce nombre sont comptés 110 ou 120 enfants tirés des hospices et des familles indigentes. Ces fabricants les nourrissent entièrement, et même leur font apprendre à lire. La réduction de leur fabrication ne leur permet plus d’en recevoir présentement.

Cet établissement se soutient par la grande activité de ses chefs et par les nombreuses correspondances qu’ils ont depuis longtemps.

« Les manufacturiers de Bolbec, comme ceux de Rouen, semblent désirer qu’il soit accordé une prime de sortie par kilogramme, sans désigner l’espèce qu’il est impossible de bien reconnaître Les prix varieraient seulement suivant la finesse du tissu.

« Tous s’accordent à dire que la crainte de nouvelles variations dans les droits d’entrée des matières premières les empêche de se livrer à des spéculations pour l’approvisionnement de leurs fabriques.

« Fait à Bolbec, ce 31 juillet 1811.

« Signé : Gourgaud. »
Officier d’ordonnance de Sa Majesté.