Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/539

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Il n’y a pas que les collectivités qui réclament : les industriels envoient sans cesse des pétitions pour dépeindre leur situation désespérée et réclamer des secours. Mais il faut savoir se borner et, parmi tant d’autres, nous ne recueillerons que la plainte du sieur Vandessel.

« Sire, dit un fonctionnaire, dans son rapport daté de Paris, le 15 avril 1811, j’ai l’honneur de mettre sous les yeux de Votre Majesté, une pétition du sieur Vandessel, fabricant de dentelles, à Chantilly, qui m’a été renvoyée par M. le ministre de l’Intérieur, et dans laquelle ce fabricant expose que ses magasins sont pleins de marchandises fabriquées dont il ne peut trouver le débouché, de sorte qu’il se voit obligé de renvoyer la majeure partie de ses ouvriers, ce qui réduirait à la plus affreuse misère environ 1 200 familles si le gouvernement ne vient à son secours. Il demande qu’il lui soit acheté pour une somme de 80 000 francs de ses articles propres au service de la maison de Votre Majesté.

M. le ministre de l’Intérieur annonce que M. Vandessel est un fabricant estimable qui a été à l’une des expositions des produits de l’industrie française, et recommande l’objet de sa demande d’une manière particulière.

« Si Votre Majesté daigne accorder la demande de M. Vandessel, comme le choix et l’emploi des articles qu’il propose concernent le service de M. le grand chambellan, et comme il n’existe aucun fonds sur lequel le paiement de ces objets puisse être imputé, je supplie Votre Majesté d’ouvrir à M. le grand chambellan un crédit de la somme qu’Elle voudra affecter à l’achat des dentelles de la fabrique de M. Vandessel, sous la condition qu’elles seront reconnues propres au service de la maison de Votre Majesté et que ce fabricant ne renverra pas ses ouvriers.

« Je suis, avec le plus profond respect, Sire, de Votre Majesté impériale et royale, le très humble, très obéissant serviteur et fidèle sujet. »

S’agit-il d’une crise momentanée, transitoire ? Voici, pour répondre a la question, de courts extraits d’un rapport daté de 1813. (Archives nationales, carton A. F. — 1062.)

Extraits du compte rendu sur les moyens de venir au secours des principales villes manufacturières de l’Empire :

« Amiens (Somme). — Il serait à désirer qu’il y eût un mouvement d’argent qui put donner de l’activité aux fabriques…

Il a paru nécessaire de recourir aux fabrications de lainage pour employer les bras sans travail…

Aucun des moyens reconnus susceptibles de procurer de l’occupation à la nombreuse population de cette ville ne sera négligé. Des ateliers de charité seront ouverts. 34 000 francs des fonds de la ville seront employés aux travaux de terrassement des anciens remparts.