Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/540

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Il sera prélevé sur les fonds de charité, à la disposition du bureau de bienfaisance, les fonds nécessaires pour entretenir 3 ou 4 000 ouvriers en tissage et lainage.

Brest (Finistère). — L’inactivité des ouvriers dans la ville de Brest pourrait inspirer des craintes s’ils étaient absolument sans ouvrage pendant l’hiver. M. le ministre de la Marine peut seul faire des proposition à Votre Majesté sur les moyens de leur assurer de l’occupation et du travail.

Bordeaux (Gironde). — La fermentation est plus grande à Bordeaux que la misère. Le préfet mande que la mauvaise saison ne se présente pas pour les malheureux sous des auspices défavorables.

Le bureau de bienfaisance a des ressources qu’il conviendrait d’augmenter par un secours extraordinaire de 30 ou 40 000 francs.

Marseille (Bouches-du-Rhône). — La misère dans les dernières classes du peuple est très grande. Le préfet réclame vivement les mêmes secours qu’en 1812. C’est une somme de 100 000 francs.

Paris. — D’après les recherches faites par M. le préfet de police, sur 32 000 ouvriers, 20 000 sont sans travail suffisant… Il y a 1 900 ouvriers en bijouterie qui sont très difficiles à occuper… Les travaux de Paris offrent peu de ressources à faire en ce moment : les démolitions seraient une ressource, mais il faut acheter avant de démolir ; ce ne serait donc qu’après avoir dépensé de fortes sommes, sans mouvoir aucun bras, qu’on pourrait espérer d’en employer ainsi.

Rouen (Seine-Inférieure). — La ville de Rouen présente de grands embarras, les travaux languissent, les fabricants même qui ne renvoient pas leurs ouvriers ne leur donnent que des portions de salaire, en ne les occupant que quelques heures par jour.

Comme la ville a des finances très embarrassées, si les circonstances deviennent plus graves, Votre Majesté serait priée d’accorder un secours extraordinaire, comme elle l’a fait en 1812 : c’était une somme de 100 000 francs.

Toulon (Var). — Sa population pourrait devenir inquiétante, si on la laissait sans occupation pendant la mauvaise saison. »

Après la lecture de documents si décisifs, la légende aura vécu de l’incomparable prospérité industrielle et commerciale du premier Empire.

Nous venons de voir les usines presque toutes en stagnation ou en décadence, le chômage croissant, la misère toujours plus grande. Et voilà que nous pouvons constater aussi le premier appel des grands industriels à la protection de l’État : les uns demandant des secours en argent sous forme d’avances directes, les autres réclamant le concours gouvernemental sous forme de primes, d’autres encore, comme le dentellier Vandessel, sollicitant des commandes de la cour.

De leur côté, les ouvriers sans travail commencent à faire entendre des