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L’un de ces poinçons sera déposé à la préfecture de police.

8° Il est enjoint aux maîtres charpentiers de ne se servir que d’ouvriers porteurs de livrets.

9° Défense est faite aux compagnons charpentiers de se coaliser pour suspendre, empêcher ou enchérir les travaux.

10° Il leur est également défendu d’emporter aucunes fouées, copeaux, bouts de bois et billots.

12° Tout propriétaire, locataire ou autre, qui voudra se servir de compagnons charpentiers, ne pourra les employer plus de deux jours sans en faire la déclaration à la préfecture de police.

Aucun compagnon charpentier ne pourra travailler pour son compte plus de deux jours à la même construction sans s’être assuré que la déclaration ci-dessus prescrite a été faite par celui qui l’emploie.

Une ordonnance du 15 janvier 1810 soumit à une réglementation identique les travaux de maçonnerie et, le 14 janvier 1812, une ordonnance fut rédigée pour les entrepreneurs de pavage. Enfin le poinçonnage fut également imposé aux chapeliers et aux boulangers.

Nous avons maintenant, et au point de vue du salaire et à celui de la durée du travail, ainsi que sur le régime de liberté dont pouvaient jouir les ouvriers, des renseignements assez précis en ce qui concerne le prolétariat parisien. La difficulté fut plus grande de rechercher les mêmes éléments d’information en ce qui concerne la province. Les seuls documents sur lesquels nous pouvons nous appuyer sont les travaux de statistique publiés par ordre de Sa Majesté empereur et roi et rédigés par les préfets.

Outre que cette source officielle est toujours plus ou moins suspecte, il reste seulement quelques traces de cette vaste enquête préfectorale, la plus grande partie ayant été détruite, dit-on, par ordre de Chaptal, peu soucieux de voir ainsi contrôler ses propres statistiques dont nous avons déjà montré l’inexactitude sur beaucoup de points.

Force est donc de nous contenter d’étudier les salaires dans quelques départements ; encore l’enquête porte-t-elle généralement sur la fin du Consulat et le commencement de l’Empire.

Pour le département de l’Ain, M. Bossi, préfet, donne les renseignements que voici, dans un volume imprimé en 1808 :

Filature et tissage de coton. — Il existe à Bourg une filature qui emploie 47 ouvriers des deux sexes, le plus grand nombre femmes et enfants. Le prix de la journée est de : 1 fr. 50 pour les hommes, 1 fr. 25 pour les femmes, 0 fr. 40 pour les enfants.

Papeterie. — Les 68 ouvriers papetiers sont logés, nourris et blanchis,