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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/104

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Qu’un vaisseau parti de vos ports échoue sur leurs rivages, dans une nuit de tempête. Vos marins naufragés seront saisis par les marchands de chair humaine. Ne sont-ce point des prolétaires sans ressources? Si la loi elle-même, si la force des traités, condamnait cette conduite barbare, renouvelée des Mantchouriens et des Japonais, ignorez-vous combien il est difficile à un prisonnier isolé de donner signe de vie du fond de ces immenses campagnes ? Doutez-vous que le malheureux naufragé ne devienne au moins esclave pour un temps, par la raison toute-puissante que de sa personne on pourrait « faire de l’argent.»

Vos émigrants, s’ils viennent à rencontrer des revers, seront aussi déclarés « des blancs sans ressources » , et comme tels ils seront vendus au profit du trésor public, à la criée du tribunal, au plus offrant et dernier enchérisseur. Ils seront vendus, eux, leurs femmes, leurs enfants, comme ces nègres affranchis que j’ai vu remettre en esclavage. Les nouveaux débarqués seront saisis au quai d’arrivée, et s’ils n’ont pas dans leur valise les moyens d’acquérir une ferme et de se faire planteurs, ce qu’ils pourront espérer de plus heureux, c’est une simple mise en location temporaire.

Tout se réunit donc, vos devoirs d’humanité, la part qu’un esprit éclairé prend au mouvement de la civilisation, enfin l’intérêt même de vos nationaux, tout se réunit pour protester d’une voix ferme, et qui puisse passer l’Atlantique, contre cette conspiration païenne. Les temps d’Athènes et de Rome ne se refont plus. Ils exigeraient d’ailleurs, dans la classe libre, un autre patriotisme et d’autres vertus. Avant d’acquérir le droit