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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/112

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Matamoros (Mexique), 13 mai 1862.

J’ai dû me sauver après avoir tout perdu, pour ne pas être pendu sous la terreur, comme abolitioniste. J’ai eu un rude voyage de San Antonio jusqu’ici. J’ai trouvé un véritable ami dans le consul américain. J’ai recommencé un peu de culture, et j’étudie avec une curiosité constante le peuple demi-sauvage du Mexique, qui contient encore tant d’éléments qui ont vécu de la vie errante.

J’ai perdu mes collections, j’ai dû brûler presque tous mes papiers. Toutes mes notes relatives à la Société du Sud, bien que très-modérées, avaient une couleur d’abolitioniste (ou, si vous voulez, d’équité) qui n’était pas de saison. J’ai eu la délicatesse, outrée peut-être, de n’en proposer le dépôt à aucun de mes amis, dans la crainte de les compromettre. Ces amis avaient déjà tant fait pour ma fuite que je n’ai pas osé aller au-delà…


Notre position au Texas a été affreuse. Aujourd’hui, c’est le coup de grâce, et si je n’avais pas réussi à en sortir, je crois que je n’y parviendrais plus. La ligne du Rio-Grandé est tout à fait gardée. La poste… si on peut appeler de ce nom une filouterie organisée, qui ne mène pas à destination une lettre sur dix… la poste ne m’apporte plus rien de San Antonio, et même, fit-elle