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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/66

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à la criée du tribunal. Une discussion s’ensuivit, et Anderson, qui avait déjà tout sacrifié, fut mis en arrestation et placé au camp des rangers, à deux lieues de la ville. Bientôt même sa détention ne suffit plus pour apaiser les colères, et l’on parla ouvertement du supplice de ce mécréant.

J’habitais une maison à demi écartée, au faubourg de San Antonio. Je m’étais lié avec un jeune homme de mes voisins, qui n’avait pas tardé à s’absenter, mais dont je continuais à visiter la mère. Cette dame, née en Pennsylvanie, longtemps habitante de l’Ohio, était dévouée à l’Union et à la cause de la liberté. Elle conçut le projet de faire évader Anderson, et je fus assez heureux pour l’assister dans cette entreprise, qui fut couronnée de succès.

Un généreux citoyen, dont je ferais connaître le nom s’il n’était encore au Texas, se chargea de voir le prisonnier, et de lui remettre un billet portant, en quelques mots, les premières instructions nécessaires pour sa fuite. Il se rendit au camp, réussit à causer avec un officier dans la tente duquel était Anderson, et par une ruse dont l’insuccès lui eût coûté la vie ou tout au moins la liberté, il déposa dans la main du prisonnier la boulette de papier qui contenait le message.

A partir de cet instant, nous attendîmes Anderson toutes les nuits. Il devait se rendre chez la mère du jeune X., dont il connaissait la demeure; et moi je m’étais chargé des apprêts du voyage. Je tenais dans le préau deux chevaux, qui semblaient étonnés de se trouver renfermés chaque soir. Ma fenêtre n’était close qu’en apparence, retenue seulement par un gros