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Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/79

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Matamoros (Mexique), 12 avril 1862.

J’ai parlé de mon départ du Texas, sans vous en donner les motifs. Le jeudi 13 février au soir, je fus averti de bonne source que le Comité de Vigilance se proposait de faire une descente chez moi. On pouvait en conclure le dessein de s’assurer de ma personne, et peut-être de m’accrocher, sans autre procédure, à l’un des arbres de mon jardin. Ma situation était devenue des plus critiques. La sympathie que j’avais montrée en dernier lieu aux nègres libres, avait trahi mon apparente neutralité. Sans connaître exactement mes opinions, le Comité pouvait aisément les deviner. J’étais un homme d’Europe, élevé loin de la sphère corruptrice où règne l’esclavage; je cultivais l’intelligence, j’honorais la justice; je vivais d’une existence indépendante. Dans de semblables conditions je devais être « abolitioniste de cœur.»

Les pays de légalité n’ont point d’idée de ces puissances occultes, irresponsables, passionnées, contre lesquelles il n’y a ni résistance ni appel. Le gouvernement des planteurs leur a lâché la bride, en leur disant « frappez ; » et les Vigilants frappent dans l’ombre. C’est une inquisition nouvelle, qui s’installe dans les bureaux de poste, qui épie les démarches des citoyens, qui fouille dans leurs papiers et incrimine jusqu’à leurs