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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/29

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En 1077, le pape Grégoire VII entama par l’intermédiaire de Landolphe, évêque de Pise, une négociation à la suite de laquelle une assemblée générale de la nation corse décida que l’île passerait sous la domination du Saint-Siège. Le pape donna par reconnaissance l’investiture de l’île à l’évêque Landolphe, et c’est ainsi que la Corse passa sous l’autorité de la république pisane. Cinq évêchés furent alors établis ; ce furent : Vescovato, Cervione, Ajaccio, Vico et Saint-Florent, et un grand nombre d’églises se fondèrent.

D’après quelques historiens, la domination pisane fut assez douce ; des routes furent tracées et plusieurs ponts construits. Malheureusement l’île fut engagée dans les longues luttes qui signalèrent la rivalité de Pise et de Gênes, aggravées par les divisions des Guelfes et des Gibelins. Les Génois et le pape étaient Guelfes, les Pisans étaient Gibelins. Le clergé corse, pour plaire au pape, se fit le partisan des Génois et s’employa à détacher la population des Pisans. Déjà en 1195, les Génois s’étaient emparés de Bonifacio ; en 1278, Calvi tombait entre leurs mains. Plusieurs seigneurs les appelèrent à leur tour, et enfin l’île fit sa soumission générale à la république génoise (1326-1347). Pour sauvegarder leur liberté, les Corses firent une convention ; mais les Génois ne tardèrent pas à mécontenter quelques seigneurs. En 1370, Arrigo della Rocca se révolta, mais sans résultat. En 1419, un autre mécontent, Vincentello d’Istria, à la tête d’une armée que lui prêta le roi d’Aragon, s’empara de Calvi et occupa l’île entière, à l’exception de Bonifacio. Gênes envoya des secours et chassa Vincentello et les Aragonais (1454).

Définitivement maîtres de l’île, les Génois firent peser sur ce malheureux pays le joug le plus odieux. Les exactions et les rapines des conquérants occasionnèrent de nombreuses révoltes de la part des seigneurs et du peuple. D’un autre côté, le clergé prélevait de nombreuses dîmes, et la misère devenait grande dans les campagnes. En ajoutant à cela une profonde ignorance, on aura une idée du triste état dans lequel l’île était plongée. La fin du quinzième siècle vit une série de ré-