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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/30

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voltes successives. En 1487, Giovan Paolo Leca prend les armes, mais il est vaincu. De 1492 à 1511, Vinciguerra, Rinuccio, Giudice et Francesco della Rocca tentent une série de soulèvements ; mais la république, plus puissante, écrase les rebelles.

Le secours ne pouvait venir que de l’étranger. Un Corse, Sampiero, qui avait épousé Vannina d’Ornano, descendante des della Rocca, famille ennemie des Génois, avait passé au service d’Henri II, roi de France, et s’était fait remarquer par sa brillante valeur. Profitant de ce que Gênes s’était alliée avec Charles-Quint, le rival d’Henri II, il obtint qu’une armée française fût envoyée sous sa conduite pour enlever la Corse. En 1555, la flotte française sous les ordres de l’amiral Paulin de la Garde, réunie à la flotte ottomane commandée par Dragut, débarqua l’armée de Sampiero à Bastia. L’île entière, à l’exception de Calvi, tomba entre les mains de Sampiero. Mais le traité de Câteau-Cambrésis, qui mit fin aux guerres d’Italie (1559), rendit l’île à ses anciens maîtres, et Sampiero, sans aucun secours, continua avec peine une lutte inégale, mais héroïque, qui se termina par son assassinat (1567). Les Génois lui coupèrent la tête, ainsi qu’aux autres Corses, ses partisans, et promenèrent dans les rues de Gênes ce hideux trophée.

À la suite de ce dernier et glorieux essai d’indépendance, la Corse retomba plus que jamais sous le joug des Génois, et de longues années s’écoulèrent avant qu’aucune nouvelle révolte éclatât. À différentes reprises, de nombreux Corses s’exilèrent et se mirent au service de l’étranger. C’est de cette période de la domination génoise que date dans l’île la coutume de la vendetta. Les habitants, ne pouvant obtenir justice en s’adressant à leurs maîtres, se firent justice eux-mêmes, et le nombre des homicides s’accrut rapidement dans des proportions effroyables (1700). Cependant les Génois s’étaient rendus de plus en plus odieux ; leur rapacité sans bornes avait créé un grand nombre de mesures fiscales des plus vexatoires. Ils imposèrent de nombreuses taxes ; ils prohibèrent la sortie des denrées ré-