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Page:Joanne, Géographie de la Corse, 1880.djvu/36

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ne pouvait lutter longtemps ; mais il espérait que les cabinets européens, intéressés à ce que la France ne prît pas une trop grande extension dans la Méditerranée, finiraient par se mettre de la partie. Il assembla une consulte au couvent de Casinca, le 27 avril 1769 ; la résolution de résister jusqu’à la dernière heure fut prise à l’unanimité, et le premier tiers d’une levée en masse fut appelé sous les armes.

« Le comte de Vaux prit sagement ses mesures ; il concentra presque toutes ses forces dans le Nebbio, où Paoli avait établi son quartier-général et rassemblé ses milices. Il pensait, non sans raison, que, s’il parvenait à écraser les troupes ainsi réunies de son adversaire, le reste du pays ne tiendrait pas longtemps.

« L’attaque commença, de la part des Français, le 3 mai. Pendant deux jours il n’y eut guère que des escarmouches ; mais le troisième, De Vaux fit attaquer vivement Paoli dans sa position de Murato et l’obligea à se retirer au delà du Golo. Paoli alla s’établir à Rostino, confiant à Gaffori le soin de défendre Lento, et à Grimaldi celui de défendre Canavaggia, deux positions par lesquelles l’ennemi aurait pu pénétrer dans l’intérieur.

Ces deux officiers ne s’acquittèrent pas loyalement de la mission qu’ils avaient reçue ; ils se hâtèrent de céder le terrain à l’ennemi sans combattre. « Les autres milices laissées par Paoli pour défendre les gorges environnant Ponte Nuovo, poussées par les Français qui se précipitaient des hauteurs, voulurent passer le pont ; mais elles en furent empêchées par les Prussiens à la solde des Corses, à qui la défense en avait été confiée. Le désordre et la confusion se mirent alors dans leurs rangs. Les Français en profitèrent pour les écraser, et ils leur firent éprouver une déroute complète (9 mai 1769).

« Cette défaite jeta le découragement dans l’âme de Paoli ; il comprit que c’en était fait de la nationalité corse, et il résolut d’abandonner sa patrie. Il se dirigea sur Vivario, de là gagna Porto-Vecchio, et s’y embarqua sur un vaisseau anglais avec son frère et environ trois cents hommes qui