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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/286

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le robinson suisse.

— Je regrette que notre musée ne puisse pas s’enrichir de tous ces cristaux.

— Personne ne viendra nous les voler. Et, si quelque jour un navire nous apparaît, nous pourrons alors chercher à profiter de ces richesses, soit par nous-mêmes, soit en cédant leur exploitation. »

Pendant cet entretien nous avions parcouru la grotte en tous sens ; Fritz, en y mettant beaucoup de précautions, était parvenu à enlever un morceau de cristal des plus brillants qu’il destinait à notre musée. Les torches tiraient vers leur fin. Je pensai qu’il était bon de songer à la retraite. Auparavant Fritz déchargea encore un de ses pistolets, dont le bruit fut répété avec fracas par l’écho ; je jugeai alors que cette excavation devait se prolonger, traverser sans doute tout le rocher, et avoir une seconde ouverture dans la savane.

En revenant dans la partie antérieure de la grotte, où étaient restés Ernest et Jack, je trouvai celui-ci tout en pleurs. À peine nous eut-il aperçus qu’il me sauta au cou en sanglotant. Je ne comprenais rien à cette explosion de douleur et de tendresse, et je me hâtai de lui en demander la cause.

« Ah ! papa, me dit-il, je croyais bien ne plus vous revoir, ni vous ni Fritz. J’ai entendu, à deux reprises, comme un coup de tonnerre épouvantable, et j’ai cru alors que la montagne entière s’écroulait sur nos têtes.

moi. — Ce que tu as pris pour un éboulement n’était que le bruit de nos pistolets ; grâce à Dieu, nous n’avons couru aucun danger et nous revenons parfaitement sains et saufs. Mais où est donc Ernest ?

— Vous le trouverez un peu plus loin, assis près des roseaux. Il est allé à la découverte après votre départ et n’aura sans doute rien entendu. »

Je laissai mes deux fils ensemble et je m’avançai dans la direction que m’indiquait Jack. Je ne tardai pas à trouver