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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/64

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le robinson suisse.

du même endroit un oiseau semblable en tout au premier. Mes trois fils restèrent étonnés, la bouche béante, et le suivirent des yeux : je ne pus m’empêcher de rire d’eux. Ernest pleurait de colère ; Jack, d’un air fort comique, ôta son chapeau, et, saluant l’oiseau : — Au revoir, l’ami ! pour cette fois, nous nous montrons bons enfants envers toi ; mais reviens seulement de notre côté, et tu verras.

« À l’endroit d’où ces deux oiseaux étaient partis nous trouvâmes une espèce de nid vide très-grand, assez irrégulier et mal construit avec des herbes sèches ; à quelques débris d’œufs cassés, nous crûmes que les petits venaient d’éclore : l’agitation de l’herbe à peu de distance nous confirma dans notre conjecture ; mais nous cherchâmes sans rien trouver. Ernest dit d’un ton doctoral à François : — Ces grands oiseaux ne sont point des aigles : les aigles ne nichent pas dans l’herbe, comme je te l’ai déjà appris ; et, de plus, les aiglons sont incapables de courir au sortir de l’œuf ; conclus donc que ce sont d’énormes poules ou de très-grosses perdrix, les seuls oiseaux qui puissent courir dès leur naissance.

« — Ou bien, repris-je, ce sont des oiseaux de la même famille, mais d’un autre nom : tu sais que les poules d’Inde, les paons, les pintades, etc., courent aussi dès leur éclosion.

« — Maman, répliqua Ernest, vous voudrez bien observer que tous les oiseaux dont vous parlez n’ont pas, comme ceux-ci, le ventre blanc et l’extrémité des ailes couleur de brique ; et puis, cette moustache est exactement semblable à celle que j’ai vue à l’outarde dans les gravures.

« — Tu as tout vu dans tes gravures, dit Jack ; j’aime bien mieux voir en réalité. Si Fritz était avec nous, il aurait abattu d’abord tes outardes, pour te laisser ensuite les comparer à ton aise avec tes gravures.

« — Mes enfants, leur dis-je, je suis contente que ces deux oiseaux aient échappé à vos terribles armes : ils ont