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Page:Johann David Wyss - Le Robinson suisse (1861).djvu/86

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le robinson suisse.

ma femme et moi nous unîmes notre voix à celle de nos enfants. Ainsi allait se terminer cette sorte de solennité religieuse ; je ne pus m’empêcher de dire que je regrettais beaucoup de n’avoir pas l’Écriture sainte pour faire quelque pieuse lecture. Ma femme sourit et courut à son sac mystérieux ; elle en tira, à ma grande surprise et à ma grande joie, un exemplaire de la Bible qu’elle me donna. J’en expliquai quelques passages à mes enfants, et je leur permis ensuite de se livrer à d’innocents divertissements.

Ernest, à qui j’avais prêté mon arc et mes flèches, s’en servit avec beaucoup d’adresse et abattit plusieurs oiseaux assez semblables à des ramiers, qui venaient en troupes nombreuses sur notre arbre. Cet arbre, après un long examen, nous avait paru définitivement être un figuier des Banians ; ses fruits attiraient beaucoup d’oiseaux de toutes sortes. Jack et même le petit François, émerveillés des succès d’Ernest, vinrent me prier de leur faire aussi des arcs. Je consentis d’autant plus volontiers à leur demande, qu’il me semblait fort utile de les exercer au maniement de cette arme. Elle devait, plus tard, remplacer pour nous les fusils, quand nos provisions de poudre seraient épuisées.

Fritz s’occupait à se fabriquer une ceinture avec la peau du chat-tigre ; mais, comme il avait peur que cette peau n’eût une odeur aussi mauvaise que celle du chacal, il eut soin, d’après mon conseil, de la laver plusieurs fois avec de l’eau, de la frotter en dessus avec de la cendre, puis avec du beurre pour la rendre souple.

Pendant que je dirigeais le travail de mon fils aîné, un coup de feu partit au-dessus de nos têtes, et deux oiseaux tombèrent non loin de nous. Ayant levé les yeux, je vis à travers les branches Ernest qui criait : « Est-ce bien visé ? est-ce bien visé ? suis-je adroit ? » Et il descendit rapidement de notre arbre pour aller ramasser les deux oiseaux. Fritz et Jack quittèrent leur besogne et se mirent en embuscade pour faire comme Ernest. Je leur rappelai que nous étions au di-