Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/126

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et de son influence et tous ceux qui ont entendu ses sermons on ses conférences pensent de même. Son ardeur morale, son très vif sentiment du bien et du mal se combinaient pour animer l’esprit le plus illogique, le plus sujet aux contradictions, le plus propre à troubler, non à guider, une jeunesse inquiète dans sa foi. Comme Ruskin et beaucoup d’entre nous le sentaient, le collège n’eût jamais ni chef, ni système, ni principes arrêtés mais vécut, sous le rapport religieux et politique, avec des idées très respectablement orthodoxes, bienfaisantes, un peu relâchées et d’un socialisme adouci. Il devint plus tard une École d’Arts et Métiers supérieure, très bien conduite, d’une réelle utilité pratique mais il ne fut jamais, en un sens étroit, chrétien, ni en aucun sens, socialiste et il eut toujours un minimum de vrais élèves ouvriers.

En 1857, comme résumé de son enseignement, Ruskin publia ses Éléments du Dessin, sorte de manuel qui eut un immense succès dans le public mais que, plus tard, il essaya de supprimer ou de refaire, le trouvant imparfait et fondé sur une erreur sérieuse, à savoir : le conseil de ne pas commencer le dessin par l’esquisse. Ruskin qui, nous nous en souvenons, ne considéra jamais ce qu’il écrivait ou faisait comme tout à fait concluant et définitif — fut loin d’être satisfait de