Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/179

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éclairait sa figure de tout le rayonnement que donnent une grâce singulière et un esprit charmant ».

Les « Leçons sur l’Art », par lesquelles s’ouvrit le cours d’Oxford, sont une des œuvres les plus sérieuses et les plus profondes de Ruskin. L’art, les artistes et leurs œuvres en formaient le texte, servaient d’exemples et donnaient lieu à des digressions. En réalité, c’étaient de véritables homélies sur l’éducation, la sincérité dans la vie, l’idéal dans la conduite, l’esprit religieux. Elles contiennent un réquisitoire contre la vulgarité et l’avarice modernes, plein de traits satiriques et de plaintes pathétiques sur la dureté de cœur et la grossièreté de ton de la société anglaise d’aujourd’hui. Elles étaient plutôt faites pour être des sermons prononcés du haut d’une chaire que les leçons d’un professeur. Le grand Art ne peut fleurir dans un monde pervers : voilà la vieille sentence qui revient sans cesse comme un refrain. Que le titre soit l’Art et la Religion, l’Art et la Morale, l’Art et l’Utile, c’est toujours le même thème — un thème que le fondateur du Cours d’Esthétique n’avait peut-être pas eu en vue, mais que Ruskin depuis qu’il avait terminé ses Peintres Modernes n’avait cessé de développer avec plus ou moins d’exagération, mais avec toute la ferveur qui était