Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire le récit, d’après un numéro du Pall Mall, du dernier souper d’Annie Redfern de Chicksand Street, Mile End, qui fut trouvée morte asphyxiée, comme l’enquête le démontra, pour avoir habité une cave privée d’air. Le même journal insiste sur ce fait que « l’existence » de la Madone, allaitant son enfant, est trop bornée ; M. John Stuart Mill indique aux jeunes femmes anglaises une occupation plus lucrative, celle-là même à la quelle il semble qu’Annie Redfern ait succombé. Les Athéniens fêtaient la commémoration de la soupe aux légumes de Thésée et chantaient de belles chansons pascales. Donner de l’opium aux jeunes enfants pour les faire rester tranquilles, comme M. Stuart Mill et les économistes le conseillent aux mères, afin qu’elles puissent se livrer à des occupations plus lucratives que celle de les nourrir, cela dépasse décidément les bornes. La mère de Ruskin avait l’habitude de chanter : « Do-do, bébé, sur la pointe de l’arbre » et lorsqu’il était enfant il se plaignait même de la rime défectueuse « lorsque le vent soude, le berceau s’agite[1] ». Nous n’avons plus de berceaux à bercer maintenant et nous n’avons pas besoin de berceuses.

Lisez donc un chant de Chaucer ; mais voici que

  1. « Hush-a-bye, baby, on the tree top !
    « When the wind blows, thé cradle will rock. »