Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/278

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M. Mill avise les mères qu’elles ont à travailler, non à chanter. Dans les vieux tableaux de la Nativité on voit des colombes et des petits lapins autour des saints et des anges. De nos jours les beaux messieurs ne sont heureux que quand ils ont massacré des pigeons et des lapins par centaines.

« Naturellement, cela convient à une nation amoureuse des sports qui a appris à préférer l’odeur de la poudre à canon, du soufre et du goudron à celle des violettes et du thym. Mais comparer l’empoisonnement des bébés, le tir aux pigeons et la chasse aux lapins de nos jours aux joies de la Madone Allemande et à ses naïfs enfants, à Chaucer et à ses joyeux pèlerins ; mais voir que l’effet actuel de la paix sur la terre et le plaisir des hommes consistent, pour chaque nation, à dépenser tous ses revenus pour créer des machines à tuer les meilleurs et les plus braves justement à l’âge où ils vont être utiles à leurs parents ; je vous le demande, mes amis, et je vous appelle ainsi probablement pour la dernière fois (à moins que vous ne soyez plus disposés à faire amitié avec Hérode qu’avec Barabbas), je vous demande s’il ne serait pas plus humain et moins couteux de construire moins de machines, d’économiser l’opium, et aussi les dépenses d’entretien et d’éducation (sans compter la diplomatie) et de nous amuser à tirer sur les bébés au lieu des lapins ».