Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/294

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de personne. D’ailleurs il ne manquait jamais chaque soir d’aller prendre le thé avec sa mère.

Il n’y a rien, dans Præterita, de plus charmant et en même temps, rien qui jette un jour plus vif sur l’auteur que la manière dont il nous décrit son amour passionné pour la nature. « J’ai, dans mon petit réduit d’argile, comme de petites fioles toutes remplies du sentiment respectueux de Wordsworth, de la sensibilité de Shelley et de l’exactitude de Turner réunis ensemble. Un perce-neige était pour moi comme pour Wordsworth une partie du Sermon sur la Montagne, mais je n’aurais jamais écrit un sonnet sur la « celandine » à cause de sa vilaine couleur jaune et de sa forme imparfaite. Comme Shelley, j’aimais le ciel bleu et les yeux bleus, mais jamais je n’aurais pu confondre à aucun degré les cieux mêmes avec mon propre petit Psychidion… Je ne me fatiguais point à désirer pour la pâquerette qu’elle pût admirer la beauté de son ombre, mais je cherchais à reproduire moi-même cette ombre aussi exactement que possible ».

« Personne, dit-il en 1839, ne s’intéressait à Turner si ce n’est le vieux carrossier retiré de Tottenham et moi ». Qu’il me soit seulement permis de dire ici en ce qui me concerne que mon père, vers 1840, m’avait appris à admirer les Turner que nous allions voir, au mois de mai de