Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/82

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« Je m’attache fortement, dit-il, aux lieux, aux tableaux, aux chats, aux chiens, aux jeunes filles » ; mais il s’avoue peu enclin à rechercher l’amitié des hommes. Gardons-nous de conclure de ce qu’il dit que John Ruskin n’eut pas d’amis et ne connut pas les longues amitiés qui durent toute la vie. Il était en effet l’homme le plus aimable et le plus aimant, plein de sympathie et de cœur ouvert, mais ses amitiés n’avaient rien de la passion ardente que lui inspiraient les montagnes, la mer, tous ses dadas favoris et ses tableaux. Ainsi disposé, il s’en alla visiter Macdonald Macdonald à Crossmount, au pied du Schehallien, dans les Highlands ; là, dégoûté du « sport », mélancolique, il arrachait des chardons sur la lande, se tenait éveillé aux cris de la chouette et tristement ruminait sur sa vie, — sur la religion calviniste — et sur l’au-delà.

Nous voici maintenant arrivés à une grande lacune de deux ans dans l’autobiographie de Ruskin et cette lacune doit se retrouver dans notre récit. Le dixième chapitre des Præterita finit avec l’automne de 1847 et le onzième s’ouvre en juillet 1849. Au cours de ces deux années eurent lieu son mariage, une dangereuse maladie pendant qu’il était fiancé et son établissement dans Park Street à Londres, où il écrivit les Sept Lampes de l’Architecture. Sur tout cela, il ne nous dit rien et ce qui intéresse le public peut être conté en peu de mots.