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Page:Joseph Louis de Lagrange - Œuvres, Tome 14.djvu/22

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4.
LAGRANGE À CONDORCET.
À Berlin, ce 5 avril 1773[1].

Mon cher et illustre ami, j’apprends dans ce moment, par les gazettes, que vous avez enfin obtenu la place de secrétaire de l’Académie à laquelle vous aspiriez[2], et je prends sur-le-champ la plume pour vous en féliciter. Je suis charmé que cette Compagnie vous ait rendu la justice qu’elle vous devait, et qu’elle ait fait un choix si digne d’elle et si avantageux aux Sciences. Je suis surtout, en mon particulier, très enchanté de vous voir occuper cette place dans un corps dont j’ai l’honneur d’être membre, et auquel je ne suis maintenant que plus glorieux d’appartenir. S’il dépend de vous, comme je n’en doute pas, de hâter la publication du neuvième Volume du Recueil des prix, je vous prie de vouloir bien vous employer pour qu’elle ne soit pas différée plus longtemps. Je suis impatient, et le public doit l’être aussi, de voir les deux pièces de M. Euler sur la Lune[3] dont il a lui-même parlé avec tant d’emphase, et qu’il a annoncées, surtout la dernière, comme un ouvrage achevé[4].

M. le marquis Caraccioli, que je vous prie de vouloir bien assurer de mes respects, me mande que vous avez fort approuvé le sujet du Mémoire que je destine pour votre Académie, et que je compte de lui envoyer par la première occasion que je pourrai trouver. Je ne sais si vous serez également content de la manière dont je l’ai traité ; mais je compte beaucoup sur votre indulgence, ainsi que sur celle de M. d’Alembert et de tous les autres géomètres. Je n’ai pas encore eu le

  1. Ms. f° 19.
  2. En mars 1773 (voir t. XIII p. 261, note I).
  3. Cette impatience ne devait pas être satisfaite de si tôt, car ce fut seulement en 1777 que parut le IXe Volume des Prix de l’Académie, où furent insérés les Mémoires d’Euler. Ils sont intitulés Théorie de la Lune et spécialement sur l’équation séculaire (1770) ; Nouvelles recherches sur le vrai mouvement de la Lune (1772).
  4. Voir t. XIIII p. 212.