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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/326

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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


réprimande à Lebrun et dont il donna lecture, « ne mettait, en effet, dans la bouche du capitaine Dreyfus, depuis le commencement jusqu’à la fin, qu’une protestation en faveur de son innocence » ; comment « la pensée lui serait-elle venue de parler d’aveux à l’officier qui avait raconté cette protestation à un journaliste » ? Il ne l’avait d’ailleurs reçu, à la demande de Mercier, que pour le tancer de ces bavardages et pour l’inviter à se taire.

Ayant juré de dire tout ce qu’il savait, il raconta ensuite comment Waldeck-Rousseau et moi nous étions venus l’entretenir, à la veille du procès de 1894, de la question du huis clos, mais pour rattacher à cet épisode, qui était déjà connu[1], une interpellation inattendue à Dreyfus.

On n’a pas oublié que l’objet de notre démarche était de porter au Président de la République l’engagement formel de Demange que, « si les débats avaient lieu autrement qu’à huis clos[2] », il n’y serait fait aucune allusion à la provenance de la pièce accusatrice ; que Casimir-Perier nous dit seulement « qu’il transmettrait notre désir » au Conseil des ministres[3] ; et que le vieil avocat, peu au fait de la politique et le meilleur des hommes, avait donné « trop d’espérance à

  1. Voir p. 318. — La presse antisémite et nationaliste échafauda toutes sortes de romans sur cette visite : « Quand vous réfléchirez qu’aujourd’hui Reinach est plus que jamais le chef du syndicat de trahison… » « La conjonction de Reinach et de Waldeck, c’est la conjonction de Blücher et de Wellington, pour un nouveau Waterloo. » (Libre Parole du 13 et du 14 août.) De même l’Écho, l’Éclair, la Croix, etc.
  2. Rennes, I, 66, Casimir-Perier. — Voir t. Ier, 367.
  3. « J’ai répondu à M. Waldeck-Rousseau, comme à M. Joseph Reinach, que je ne pourrais que transmettre leur désir, que, personnellement, je ne pourrais rien pour y donner satisfaction. »