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Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/385

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RENNES


songe ne fut mieux écrasé dans la bouche du menteur[1]. » Point du tout. Mercier répond que « ce qui s’est passé le 6 janvier est l’épilogue d’une crise qui durait depuis longtemps ; M. Hanotaux dira combien la situation était délicate, périlleuse. » Comme Hanotaux conviendra, en effet, que le procès, qu’il avait vainement essayé d’empêcher, s’était compliqué de difficultés avec l’Allemagne, ce peu qu’il dira contre Mercier tournera encore pour lui ; Casimir-Perier « n’a vu Munster qu’une fois, il n’a rien su des autres entretiens de l’ambassadeur avec le ministre des Affaires étrangères[2] », et cela aussi est à l’avantage de Mercier.

  1. Clemenceau, dans l’Aurore du 16 août 1899 : « Me Demange, qui avait laissé toute cette partie de sa tâche à son collaborateur, se trouvait hors d’état de le remplacer à l’improviste. Par un véritable prodige, il a pu suppléer dans une certaine mesure à l’aide si nécessaire qui lui faisait subitement défaut. »
  2. Rennes, I, 159, Casimir-Perier. — Un rédacteur de la Gazette de France, Henry Dutrait-Crozon, a publié, en 1905, un gros volume intitulé : Joseph Reinach historien, Revision de l’Histoire de l’Affaire Dreyfus, avec préface de Charles Maurras. Ces deux jésuites de robe courte, passés maîtres dans l’art d’arranger les textes et les faits, ont découvert, après six années de réflexion, une impudente réponse aux démonstrations de Casimir-Perier et de Demange : « La vérité est aujourd’hui connue : le récit de Casimir-Perier, en ce qui concerne la visite de M. de Munster le 6 janvier, est parfaitement exact, mais les affirmations du général Mercier et du général de Boisdeffre sur la réalité de la nuit historique sont non moins exactes. Seulement cette nuit se place à la date du 12 décembre 1894, douze jours avant le procès, et non douze jours après. Nous garantissons l’exactitude absolue de ce renseignement, puisé aux sources les plus sûres. » (279.) Mais, nécessairement, Dutrait-Crozon ne donne pas sa source et il n’explique pas davantage pourquoi ni Mercier ni Boisdeffre n’ont donné la date du 12 décembre 1894 au procès de Rennes. D’autre part, il est certain pour Dutrait-Crozon que je connaissais cette date, parce que, dans mon tome Ier (343 et suiv.), je fixe précisément à cette époque la naissance de la légende d’une pièce mystérieuse rendue à l’Allemagne. (Articles de la Libre Parole et de la France des 8 et 11 décembre 1894, note Havas du 13 démentant que Munster ait entretenu Hano-